L’art de la Composition
A l’origine de chacune de nos créations, il y a la transe dissociative. Qu’elle ait été déclenchée par une musique, un extrait de film ou tout autre chose ayant eut un impact fort à un instant T, le besoin d’exprimer les couleurs de ce transport est le moteur de ma motivation à abattre du travail. Et du travail il en faut dans la réalisation de photo-montages complexes.
Une fois la transe bien installée et une vision claire de l’oeuvre à venir dans mon esprit, le boulot numéro un est celui du choix des premiers morceaux de photos (généralement le fond et le corps des personnages dans la position attendue). Celles-ci vont poser la structure de la composition, ce qui me permet par la suite de la garnir à ma guise, par l’ajout de nombreux autres morceaux. Ces morceaux, je les détoure patiemment un par un et leur donne leur juste place.
Dans mon ordi se trouve un dossier « photos », qui me sert à classer chacune d’elle dans le sous-dossier approprié, lui-même contenant plusieurs dossiers précisant davantage la nature de la photographie. Ce classement très efficace et parfaitement adapté à ma manière de structurer me permet de trouver en quelques cliques l’image dont j’ai besoin, parmi ses nombreuses sœurs. Cela fait environs quinze ans que je le remplis régulièrement de photographies qui me plaisent et m’inspirent, autant dire qu’il est aujourd’hui conséquent (14 GiB de jpg, pour ceux à qui ça permet de mesurer).
Il me plait donc de vous partager une découverte faite il y a peu de temps et qui m’a particulièrement fait plaisir.
Le paraventage
Citation de Pierre Jean Varet, pour le Musée Artcolle :
Un paraventage au musée Artcolle.
Parmi les acquisitions effectuées par le musée Artcolle en 2021 (et cela grâce aux cotisations des adhérents, collagistes ou non, des Amis du musée, sans qui celui-ci ne saurait et ne pourrait être) figure un paraventage des années 1870-1880.
Pour mémoire le collage de gravures colorisées sur des paravents fut principalement pratiqué entre 1860 et 1880, de par la production des journaux de l’époque, par des artistes ou des personnes aisées, et ce principalement en Angleterre.
Le plus célèbre paravent ainsi collé est une œuvre d’Hans Christian Andersen (1805-1875), auteur, entre autres, de La Petite sirène et du Vilain Petit Canard, exposé dans sa maison-musée à Odense, au Danemark. Il est constitué de plusieurs panneaux dont chacun est un collage représentant un pays qu’il a visité. Andersen commença ses premiers découpages vers 1850. Ils sont d’abord créés dans l’esprit des silhouetteurs. Il anticipera ensuite tous les idiomes du modernisme en réalisant plus d’une centaine de collages, souvent proches de ceux de Jacques Prévert, de Ernst ou de Schwitters, ainsi que des sculptures en papier, avec plus de cinquante années d’avance sur son temps. Vincent Van Gogh dira de lui qu’il avait le tempérament et le talent d’un plasticien.
Actuellement il existe trois spécimens de paraventage conservé par des musées de par le monde. Celui d’Andersen, un deuxième au musée des traditions en Allemagne, et le troisième à présent au musée de l’art du collage
Seul celui du musée Artcolle est constitué de quatre volets. Il m’aura fallu une quinzaine d’années, et beaucoup de chance, pour mettre enfin la main sur un paraventage digne de ce nom. Et bien qu’anonyme, de par son style et la période où il fut composé, il n’est pas interdit d’y voir là l’œuvre d’un petit vilain canard, voir même d’une sirène.
« 1821-2021 : Deux siècles de l’art du collage » Musée Artcolle à Plémet, Côtes-d’Armor.

Cette technique artistique de la photo-composition est très proche de la nôtre, pour ne pas dire que la seule véritable différence réside en ce que notre support est un écran, non un paravent. Et là où ça me fait vraiment plaisir c’est que Hans Christian Andersen est un artiste dont les œuvres nous touchent énormément, de par la justesse des dynamiques psychiques que l’on entrevoit dans ses Contes. Plus encore, il est l’une de ces âmes sœurs spirituelles pour laquelle nous avons beaucoup de tendresse.
Création artistique et IA
Sans entrer dans un débat qui ne m’intéresse de toute manière que moyennement, je ne surprendrai personne (je l’espère tout du moins) en confessant que je n’aime pas l’IA dans le domaine artistique. Que les choses soient claires : une personne qui ordonne à une machine sans âme de lui pondre une oeuvre sans âme pour qu’il puisse se prétendre artiste alors même qu’il n’est pas fichu de tenir un crayon, ce n’est pas un artiste.
Une authentique création naît d’un processus Alchimique intérieur et émotionnel. Sa nature est profondément transcendante pour le psychisme de l’artiste qui va danser avec l’ineffable, le temps d’une toile. Chacune de nos créations nous a bouleversés, transformés, et cela demande d’être pleinement actif dans le processus créatif.
Le chemin est plus important que la destination, ce proverbe bien connu trouve ici sa juste place. De mon point de vue et selon la haute estime que j’accorde à ce processus Sacré de la création artistique, je ne pourrais tolérer pour moi-même qu’une machine m’ampute de ce chemin et de cette joie.
Je ne dis pas qu’aucun artiste authentique n’utilise jamais l’IA, mais on quitte à mon sens assez vite le domaine de l’art dans sa dimension spirituelle et transcendantale. En clair, d’une oeuvre à l’autre, le psychisme de l’utilisateur de l’IA n’évoluera pas d’un iota. Ce qui n’est pas un problème pour celui qui vise avant tout la destination par l’instantanéité d’une production IA. Il ignore tout simplement ce qu’est la véritable Alchimie créative. Méconnue de son âme, comment pourrait-il alors conscientiser qu’il ne la possède pas ?
Mon avis sur la question important peu, chacun fait bien ce qu’il veut, c’est en revanche une autre histoire quand on m’associe à cette pratique, comme ça m’est arrivé très récemment. Afin que cela ne se reproduise plus à l’avenir, j’ai fait une petite vidéo qui dissipera les derniers doutes quant à ma méthode de travail.
La qualité de l’enregistrement n’est pas terrible, ainsi en a décidé mon Shotcut qui a refusé l’encodage d’une qualité supérieure à 480 (et cela malgré mes nombreuses menaces de représailles). J’aurai bien fait une vidéo plus soignée et complexe, mais la mauvaise qualité de l’image m’a ravi tout mon entrain et je ne suis pas d’humeur, en cet instant, à me battre davantage contre un logiciel insolent.





Bon, plus sérieusement c’est dommage (parce que ça m’amusait beaucoup), mais ça n’empêche en rien de comprendre le principe. Je verrai éventuellement plus tard pour une version qui me fera moins saigner les yeux.
Pour réaliser cette vidéo, j’ai tout simplement masqué l’intégralité des calques et les ai fait réapparaître un par un, de l’arrière à l’avant plan. Voici donc la compilation de onze créas mises à nu, avec leur musique associée (15 min).
Édit du 10 janvier 2025

Bien sûr, ça ne montre rien du travail de détourage au clique-souris, long et méticuleux. Souvent plusieurs éléments ont même déjà été fusionnés pour un gain de place. Ça donne l’impression qu’il suffit de claquer des doigts pour faire apparaître chaque élément, bien placé et bien intégré, alors qu’il y a un boulot assez monstre en amont pour arriver à ce résultat.







Parce que j’adore cette manière de travailler. Elle sollicite plusieurs alters au niveau des différentes compétences requises (même s’ils ne sont pas concerné par les essences et dynamiques illustrées), ce qui rend l’expérience bien plus riche et intense, en plus de nous entraîner à fonctionner ensembles, à notre plein potentiel. Chaque créa est un nouveau challenge, avec son lot d’émotions délicieuses, et une grande partie de notre plaisir découle de cette difficulté d’exécution.
Après, on ne va pas se mentir, avoir quelques troubles autistiques dans le package TDI, ça confère une certaine capacité à délirer joyeusement sur des tâches qui aliéneraient n’importe quel cerveau dit « normal ».
Mais en définitive peu importe le pourquoi, l’essentiel est dans la joie que ça nous procure et le bien que ça fait à notre âme. Je suis très heureux d’avoir réussi ce pari de transposer nos apparences, du dessin à la photo. Là où la fusion des deux styles pour Animamea (voir la rubrique « Dessins ») fut un échec cuisant, ce choix de passer exclusivement à la photo-composition était le bon et je ne le regrette pas un seul instant.
Cela étant dit, vous pouvez maintenant vous promener librement dans le jardin de mes créations. Bonne balade !