Ludwig II de Bavière – Un TDI sur le trône
Ludwig II de Bavière – Un TDI sur le trône
Ludwig II de Bavière
Un TDI autistique sur le Trône
Un titre audacieux, quand on sait qu’encore aujourd’hui aucun diagnostic n’a vraiment été posé sur ce personnage, tout à fait hors norme. Je vais donc tenter une psychanalyse à ma sauce, en me basant sur ce reportage de Secrets d’Histoire (docu complet de 2h disponible sur youtube).
On a vraiment fait la connaissance de Ludwig pour la première fois quand on avait 26 ans. Ce fut un véritable coup de cœur pour son âme qui entrait si fort en résonance avec la nôtre. Bien sûr, à l’époque on était loin de comprendre le pourquoi de cet amour profond. Tout ce qu’on savait c’était qu’on avait enfin trouvé quelqu’un qui nous ressemble et qui nous aurait compris, si seulement il n’était pas mort depuis longtemps. Il y a beaucoup de personnages historiques avec lesquels j’adorerais pouvoir parler longuement et Ludwig II de Bavière serait l’une des premières âmes que j’approcherais, si je le pouvais.
Avant d’entrer dans le vif du sujet, il me paraît important de dire quelques mots sur cette appellation « TDI autistique », terme qui n’existe pas mais qui me semblait être le plus limpide quant à sa signification.
On a parlé avec pas mal de multiples il y a quelques années et, en comparaison, on a compris assez vite que le TDI n’était pas la cause unique de notre état. Dans ce milieu, je n’en ai rencontré aucun qui soit comme nous, aucun multiple que je puisse appeler mon semblable, donc il y avait forcément autre chose, un truc en plus. Il en est allé de même quand je me suis rapproché des autistes (l’autisme étant un terme générique, le spectre est très large et va du retard mental au QI d’Einstein). Oui, il y avait clairement de ça (la bulle, les filtres, la fascination pour la beauté, la contemplation, l’hypersensibilité, tourné vers l’intérieur, etc.), mais du coup il manquait le TDI.
L’autisme est donc à mon sens la donnée qu’il manquait pour établir une cohérence. Bien sûr, ce n’est pas le regard qui est porté sur lui, et après quelques recherches sur le net, je n’ai rien trouvé qui l’aborde sous cet angle, à part une petite insinuation de deux médecins qui ont souligné un autisme possible. Alors maintenant que je discerne mieux ce que l’on est, j’ai investigué sous cet angle pour tenter de comprendre ce qu’il pouvait être, lui, et sans surprise, le mélange TDI/autisme chez Ludwig est particulièrement frappant (TDI fatalement lié à des traumas, et l’autisme qu’il semble tenir directement de son grand-père et courant dans sa lignée).

Toujours est-il que, comme avec Ludwig et même en m’en tenant à ce terme, j’approche malgré tout de très près le juste reflet de notre nature.
Pour tenter de faire valoir mon point de vue, on va tâcher de décortiquer point par point.
Les Mythes
Je suis bien placé pour le savoir, on n’introjecte rien qui n’entre pas en résonance avec notre réalité intérieure déjà existante. À ce titre, bien sûr que les récits mythologiques et les légendes résonnent en nous, avec leur panthéon d’essences typées, parfaitement transposables à nos pièces détachées.
Voici un court extrait du reportage où la mauvaise interprétation de son état est particulièrement bien illustrée :
Moi je l’aurais plutôt dit ainsi : Sa personnalité éclatée retrouve ses reflets émotionnels dans ces personnages mythiques et leur dynamique. Par eux et cette résonance très forte, il s’approche lui-même, se ressent lui-même et, par le processus créatif, matérialise des lieux sécures pour chaque émotion, en correspondance directe avec la tapisserie de son monde intérieur.
Ce n’est donc pas la même chose que de se créer des décors fictifs à but fantasmatique pour jouer à être un autre que lui, c’est même tout l’inverse qu’il fait.
Alors, fuite, lâcheté et folie, ou clairvoyance et quête de soi en vérité, insensée aux yeux de la plupart ?
Les décors
Le moins qu’on puisse dire de ce Roi c’est qu’il était un contemplatif. En ça, on se rapproche déjà de l’autisme. Comme ils le disent très justement dans le reportage, il s’agit véritablement de la création de décors qui ne sont jamais destinés à éblouir des invités ni même à être réellement utilisés. Ici, on touche du doigt la ressemblance la plus frappante entre son fonctionnement et le nôtre. C’est même à ce point superposable que ça en devient comique.
Dans ses décors, comme dans les nôtres, le sens et la symbolique sont omniprésents et dans les moindres détails, car rien n’est le fruit du hasard et correspond à quelque chose d’essentiel. Bon, après en ce qui me concerne je n’ai pas les moyens financiers d’un Roi et c’est heureux, car grande serait la tentation de faire exactement comme lui. Donc je fais avec les moyens du bord.
Quand j’ai décidé de décorer le salon pour le retour d’Evy au printemps, j’ai bien vu que si l’argent avait été là à profusion, ma frénésie dans la création de ce jardin aurait été sans fin. Il est toujours inachevé pour des raisons financières, mais j’espère pouvoir reprendre prochainement, et surtout le finir avant le retour du printemps.
Matérialiser la beauté du monde intérieur, l’accoucher dans le monde extérieur, la modeler, la perfectionner, tout cela dans l’euphorie onirique d’une jouissance créative qui donne le plus beau des sens à notre vie.
Bon, notre havre n’est pas aussi impressionnant qu’un château mais je le redis, je suis tout en bas de l’échelle sociale, ce qui m’empêche de matérialiser dans toute notre démesure. Et ce n’est pas plus mal puisqu’on n’en souffre pas, au contraire, ce cocon intimiste nous convient parfaitement, pour peu que je maîtrise notre tendance à la folie des grandeurs.


Pour la démesure somptueuse, les illustrations de notre cru suffisent à notre bonheur onirique, avec le triple avantage de ne pas me coûter un bras et d’accompagner notre travail psychique.



L’homosexualité
Les apparences sont parfois extrêmement trompeuses. Je ne pense pas que Ludwig était homosexuel, dans le sens strict du terme, c’est à dire un homme attiré physiquement et émotionnellement par un autre homme. S’il n’y avait aucune problématique d’ordre sexuel, je ne l’affirmerais pas aussi catégoriquement, je m’en tiendrais à l’homosexualité et à un trouble du spectre autistique particulièrement marqué. Mais là, en ce qui me concerne, il n’y a pas vraiment de doute sur son diagnostic, légèrement plus complexe.
Ludwig va souffrir de ses pulsions toute sa vie, avec l’intensité d’une partie de lui qui aspire à en être délivré. Cette souffrance est démesurée, comme chacune de ses émotions et à l’image des palais qu’il bâtit pour en être les reflets et les sanctuaires. Beaucoup d’homosexuels de l’époque ne le vivaient pas ainsi. Ils n’avaient pas le droit alors ils prenaient le gauche à la discrète, tout simplement. Ils savaient en leur for intérieur qu’ils ne commettaient aucun crime (pour peu que ce soit consentit). La seule chose qui les tourmentait véritablement, c’était de se faire choper par la loi humaine et ce n’est certainement pas Oscar Wilde qui me donnera tord sur ce point.
Ludwig c’est très différent, et pour ceux ici qui connaissent un peu mon fonctionnement (Kirlian, en l’occurrence), ils vont tout de suite voir que son rapport, son obsession même, à la pureté est totalement transposable au mien (à un stade encore très immature pour le coup mais rien d’étonnant, puisqu’il était en tout début de parcours).
Ce que je vois dans cet épisode de sa vie, c’est que l’archétype K a pris les commandes pour faire une cour passionnée et théâtrale à Sophie. Mais quand il fut question de contact, de démonstration physique désirée ardemment par Sophie, il s’est très vite rétracté jusqu’à en devenir malade. À partir du moment où cette dernière s’est mise à pousser pour y inclure le charnel (comme peut le faire Maya), l’archétype Kirlian est revenu en force pour y mettre un terme car la chair est souillure (de par la nature même de son initiation traumatique) et il est absolument incapable de souiller l’incarnation de son essence pure qu’il projette inconsciemment sur Sophie, la partie de lui qu’il a le devoir sacré de protéger, Elsa, son Evy, sa connexion au Cœur.




Du coup il me paraît important de préciser qu’on n’a pas été élevé dans un cadre religieux. Nos parents s’en fichaient et si on s’y est intéressé, c’était uniquement de notre propre initiative. Je me souviens même qu’Evy avait eu un gros coup de cœur pour l’histoire du bon Samaritain, c’était sa préférée.
Je le précise car, en y allant un peu vite, on pourrait se dire que c’est l’Église la responsable d’une telle culpabilité à être ce qu’il est. Ça n’a pas dû aider, c’est certain. Mais son monde intérieur n’est pas composé de figures catholiques au sens biblique du terme, ce sont les épopées nordiques et leurs mythes qui baignent son imaginaire. C’est aussi son amour de la France, des grands personnages historiques, des artistes, des héros. On voit bien que chez lui, ce n’est pas un délire de bigot où le rigorisme religieux domine et écrase, il est beaucoup plus libre et déluré que ça puisqu’il saisit directement les essences.
À côté de ça, les pulsions le frappent, antinomiques à cette pureté si chère, et le combat fait rage entre le « bien » et le « mal » dont il trouve l’écho puissant dans la légende de Parsifal. Ces pulsions, incarnées par le chevalier noir et le chevalier rouge, liées à d’autres parties de lui, cloisonnées et personnifiées, se révoltent et l’attaquent, le tourmentent sans relâche.
D’autre part, l’alter féminin passif qui naît du plaisir éprouvé par la chair traîtresse (Saya), et qui ne connaît de la vie que ces moments indescriptibles d’être une esclave sous emprise, va éprouver un manque terrible (puisque la dissociation se fait par la création de substances chimiques, directement produites par le cerveau dans un but défensif, face à l’horreur qu’il ne peut fuir). Quand les abus prennent fin et que le/les bourreau(x) ne sont plus dans l’entourage direct, c’est là que le combat et les tourments prennent naissance. On se retrouve avec des montées puissantes de désir et de fièvre dissociative qui sont ressenties comme intrusives et monstrueuses pour les parties sensibles et les protecteurs. Et le seul moyen d’apaiser cette souffrance, c’est par la reproduction magnifiée de ses traumas.
À mon sens, ce n’est donc pas une homosexualité innée, mais une conséquence directe de la manière traumatique dont il a été initié, par un adulte masculin. Sa fascination et sa dévotion pour la personnalité de Wagner en sont une manifestation flagrante (j’y reviendrai).
Qui peut tenir autant à la pureté, si ce n’est un être à qui on a tenté de l’arracher ? Je dis « tenté » parce que par définition, le TDI a psychiquement sauvegardé cette innocence en la cloisonnant. Et ce n’est pas un simple refus de regarder la réalité en face, à savoir qu’on a perdu notre pureté que cela nous plaise ou non. Cette innocence est bien réelle et j’en veux pour preuve la réaction de Ludwig face aux psychiatres et ministres, venus l’arrêter chez lui dans le but de le destituer et de l’interner. Il les avait pourtant capturés, en pleine tentative de putsch, et au bout de deux heures il les a relâchés par pure compassion pour leur grand âge.

Évidemment, ces connards en ont profité sans tarder pour achever de refermer le piège sur lui et c’en fut fini de son règne. N’importe quel autre Roi les aurait balancé au cachot, dans le meilleur des cas, puisqu’il aurait pu les faire torturer ou tout simplement les exécuter sur le champ. Mais un être comme lui est incapable d’être violent avec une autre personne, car cette violence active son Cœur traumatisé et il va s’horrifier. Il sait ce que souffrance veut dire, il la ressent bien plus intensément que la moyenne et ça lui est insupportable de la voir chez les autres. Il est empathique au point d’avoir plus mal que la personne en face, projetant sur elle une hypersensibilité qu’elle n’a pas.

Pour aller dans le même sens, on peut aussi s’attarder quelques instant sur son jeune frère Othon, qui avait l’air d’être également un gentil garçon et qui, par moments, se prenait pour un chien et aboyait sur les gens. Dans le milieu des multiples sérieux, on trouve beaucoup de témoignages sur les alters canins (ou des dragons), plus archaïques, très souvent des protecteurs indomptables qui repoussent par de grosses décharges d’agressivité.
Et quand Othon se retrouve un jour en pleine crise devant l’assemblée générale, de quoi parle t-il, quel mot entre tous les mots sort de sa bouche ? Sodomie.
Cela ne prouve rien en soi, mais c’est une pièce de plus qui va dans le même sens et, quand on commence à s’y connaître un peu en trouble dissociatif, ça sonne très familier. À la différence de son frère, Othon ne semblait pas avoir les ressources intérieures et cérébrales nécessaires pour se protéger et tâcher d’ordonnancer l’horreur des remontées. Il finira interné et sera appelé « folie » le mal dont il est atteint. À mon sens il s’agirait plutôt d’un repli définitif, sa façon à lui de quitter ce monde hostile où aucune aide véritable ne peut être espérée. En simple, il a cloué les volets.
Si notre TDI était une recette on pourrait donc le dire ainsi : Prenez un tout jeune enfant, traumatisez-le comme on bat la viande pour qu’elle soit tendre, initiez-le à une sexualité déviante, emplissez ses doux rêves de cauchemars et secouez le tout contre les murs. J’exagère ? Matez voir ce que peut faire un précepteur en toute impunité à un enfant hypersensible, en l’occurrence le fils de Sisi, Rodolphe, dont on lui a retiré la garde dès la naissance pour le confier très tôt à un malade mental.
Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg, bien évidemment si ça a eu lieu il ne sera noté nulle part que monsieur le précepteur cinglé a sodomisé le prince héritier dans le cadre de sa bonne éducation. Une fois adulte, Rodolphe sera confronté tout comme Ludwig et Othon, à l’éveil de sa mémoire traumatique refoulée (et sans aller jusqu’à l’abus sexuel en ce qui le concerne, on sait déjà avec certitude qu’elle contenait beaucoup de merde).
Son entourage ne lui sera d’aucune aide, en particulier son père, inflexible, qui achèvera de le pousser dans sa tombe. De gentil garçon sans histoire qui voulait étudier les oiseaux, il sombrera dans une profonde dépression, dans la drogue, le sexe, et finira par se tirer une balle dans la cafetière. Je penche pour le suicide en ce qui me concerne car la façon dont il a réagi, la prison de son titre et la dynamique de déchéance qu’il a lancée pour tâcher d’y faire face ne pouvaient aboutir qu’à son suicide. En cela, il est psychiquement à rapprocher davantage d’un Kurt Cobain, par exemple.
Pour en revenir à Ludwig et finir sur ce point.
De ce que je sais des fonctionnements psychiques liés au TDI et aux abus, je peux dire qu’il a empêché l’activation de sa sexualité masculine, elle, tournée vers la femme, par refus d’être un bourreau (c’est-à-dire celui qui profane la pureté). Ainsi, s’il s’agit bien d’un TDI, j’affirme que sa sexualité était vécue par ses alters féminins, exclusivement. C’est ce fameux combat que je connais bien entre l’esprit qui est révulsé, outragé, et la chair qui prend son pied, paradoxe ultime qui déchire l’âme pour ne pas sombrer dans la folie, avec toute l’intensité émotionnelle qui est la nôtre.
Ludwig, Wagner et la musique
La musique, cet art si essentiel…
Je l’ignorais jusqu’à très récemment mais nous ne sommes pas tous égaux face à elle.

Bien évidemment on s’y est tout de suite reconnu, bien que l’intensité décrite soit en deçà de ce qu’on peut éprouver régulièrement (et ça ne concerne pas que la musique, loin de là). Du coup je suis deg, parce qu’à chaque fois que je poste un titre qui nous transporte sur l’instant, moi je partais du principe que l’autre allait le recevoir avec la même intensité, et donc qu’une communication émotionnelle avait lieu.
Ben apparemment ce n’est pas le cas.

Pour vous situer, voici ce qu’on ressent quand on écoute une musique qui nous transporte autant qu’on peut l’être, c’est-à-dire quand elle active toutes les parties en même temps :
Une explosion de plaisir dans le cerveau et le cœur, des frissons intenses comme de l’électricité qui nous parcourt depuis le sommet du crâne pour irradier dans tout notre corps et nous donner la chair de poule, les larmes nous montent aussitôt aux yeux pour inonder nos joues, une sensation d’extase, de baigner dans l’absolu d’un bonheur parfait, dialogues intenses et riches entre les parties dissociées qui sont comme soudain connectées, unifiées autour de ce phénomène qui nous arrache à notre perception du temps et de l’espace. À cet instant tout est là et vibre d’une intensité qui surclasse de très loin ce qu’on pourrait appeler la morosité du quotidien des mortels, habité soudain par les torrents tumultueux de la Vie, des passions positives et des plus nobles aspirations.
C’est juste évident que Ludwig devait ressentir la musique de Wagner (et beaucoup d’autres choses) avec une intensité comparable, des extases en somme, et c’est à mon sens le niveau encore au-dessus de ce que décrit l’article. Toute son âme vibre face à cette vérité déguisée, cette horreur sublimée. Elle est son empyrée, sa quête intérieure et l’essentiel absolu de son existence.


Tout cela s’équilibre de lui-même en fait, quel que soit le niveau d’intensité ressenti, car chaque visite au Paradis a sa chute en Enfer. Mais les hauts sont des délices de nectar et d’ambroisie et, en ce qui nous concerne, je paye volontiers le prix de l’Enfer pour goûter à ces extases-là.


On est tous shooté à quelque chose, l’humain est ainsi fait pour échapper à l’angoisse de sa mort prochaine. Après on peut s’amuser à faire une hiérarchie « non, c’est mon shoot qui est juste et bon, pas le tien ! », mais c’est aussi débile que le Lapin qui dirait au Hibou que la nuit est faite pour dormir, ou le Chat qui dirait au Poisson qu’on ne peut pas respirer sous l’eau.
Et la psychiatrie c’est ceux qui tirent le Poisson hors de l’eau, le Hibou hors des ombres, en leur disant : mais arrêtez de vous débattre, on veut juste vous aider à être normaux !


La norme ce sont des codes mis en place par les différentes cultures dans un but de « vivre ensemble ». Des règles de conduite pour maximiser le bon fonctionnement d’une entité supérieure, c’est à dire la société qui a été formée à partir d’individus ayant chacun leur rôle à jouer en fonction de leur spécialisation. Donc il faut une norme en terme de société, bien sûr (et ce n’est pas notre TDI qui me fera dire le contraire), mais que cette norme prenne tellement d’importance qu’elle se mette à tourmenter l’être, à l’amputer de sa complexité et de ses spécificités individuelles, là ça ne va pas.

On ne devrait jamais perdre de vue que la norme c’est du théâtre, un rôle que l’on joue à l’échelle collective et que l’essentiel de l’être, le sens de son expérience de vie, n’est pas là.


Au-delà de la musique, Ludwig devait également reconnaître chez Wagner l’emprise psychologique de son/ses bourreaux. L’homme est âgé (comme peut l’être un père dont la mort n’a pas ému cet hypersensible, ou comme les précepteurs dont il était entouré dans l’enfance), c’est un manipulateur charismatique, peu scrupuleux et mégalomane, qui a sublimé son aura en l’injectant dans sa musique. Ludwig est fasciné, envoûté, au bord de la pâmoison. J’y reconnais l’essence d’une Maya/Saya, complètement bleue d’un K/Ouranos.
D’ailleurs, au sujet de leur correspondance, l’un des intervenants du docu le dit ainsi « on voit que Louis II y prend la position de l’adolescente, je dirais presque, amoureuse de Wagner ».


L’éveil
De ma propre expérience, je dirais qu’on peut situer l’enclenchement de ses remontées traumatiques à partir du moment où il commence à ne plus supporter les regards et à vivre la nuit. En ce qui nous concerne, on souffre de la même détestation du regard de l’autre qui est tout simplement insupportable, étouffant, oppressant. La dégradation de sa beauté n’a pas dû aider, c’est certain, mais ce n’est pas la cause première de ce repli et de cette incapacité à supporter le regard de l’autre.
À partir de là son esprit s’assombrit car son Scar prend davantage de place, confronté à la mémoire traumatique qui s’agite au niveau des strates où ça commence à sentir le moisi. Ses châteaux féeriques, plongés dans le manteau de la nuit, prennent alors des airs de bastions hantés où il se retranche, tel un Roi maudit. L’antithèse du Roi Soleil auquel il aspirait.
On y a déjà fait allusion, on vit presque en permanence dans des ambiances tamisées, avec un éclairage contrôlé. Trop de lumière nous indispose beaucoup là où la pénombre est un soulagement, parce qu’elle dissimule notre honte abyssale et fait disparaître la peur que notre humiliation se lise sur notre visage. La nuit, c’est aussi le moment où l’hypervigilance s’enclenche, car c’est quand tout le monde est endormi que les loups sortent du bois.
C’est aussi à partir de là qu’on va le voir parler tout seul à des invités imaginaires. Bien évidemment, sous l’angle de la multiplicité, ça prend un tout autre sens. Dans nos premières histoires où on projetait nos essences pour communiquer, on n’avait pas encore nos noms à nous, qui nous sont propres. À une époque, par exemple, quand on écrivait Lysis, je m’appelais Thanatos, car cette figure symbolique entrait en résonance avec mon essence et que, quelque part, je pouvais me revendiquer d’elle. Dans Gretchen, je suis Rimbaud et ainsi de suite. Il en allait de même pour Ludwig et ces dîners étaient pour lui une façon de communiquer avec ses parties dissociées, bien présentes, comme ce que je fais sur mon blog.
Je rappelle, si besoin est, que le TDI n’est pas une psychose, cette dernière ne collant pas avec son profil, ni avec le nôtre. J’ignore s’il en avait conscience ou non, toujours est-il qu’il y avait un dialogue entre eux, du moins entre certaines parties tolérées par son Scar, comme la figure de Marie-Antoinette. De toute évidence il n’a pas pu aller plus loin que ça dans le dialogue, tenant toujours à l’écart les parties les plus sombres de lui.



La psychiatrie
Pour cette partie, je vais laisser Scar s’exprimer un peu plus à travers moi car c’est surtout lui qui est porteur des blessures infligées par cette caste, à différents moments de notre vie. Je n’ai jamais vraiment caché mon mépris pour les psychiatres, leur mentalité et leur méthode, et ce n’est pas le rôle qu’ils ont tenu dans la vie de Ludwig qui va améliorer mon opinion.
Pour la faire courte, à l’image de leur perception : quand les ministres et plus particulièrement l’oncle de Ludwig ont voulu l’évincer, ils ont fait appel à un psychiatre, qui était une sommité de l’époque, pour pondre un joli rapport qui décrète que le Roi est fou et que c’est incurable. Ce psychiatre ne rencontrera jamais Ludwig en personne et se basera uniquement sur des témoignages, fournis bien entendu par ceux qui préparaient le putsch. Une fois de plus on peut voir la psychiatrie à l’œuvre dans toute sa splendeur, jamais très loin des mauvais coups, bras armé des enfoirés et néo-inquisitrice des neuroatypiques.
On parle en connaissance de cause, plus tu te débats dans une colère légitime plus tu leur donnes raison. Ça valait bien la peine de mettre l’Église à terre si c’était pour la remplacer par ça, du point de vue des « étranges créatures », on n’y voit aucune putain de différence.




Je cite : « Ludwig a été diagnostiqué paranoïaque, aujourd’hui les médecins diraient plutôt qu’il s’agit de schizophrénie »





Bien évidemment, Ludwig n’est pas un schizophrène, puisqu’il n’est pas question ni d’hallucinations ni de propos dénués de sens et totalement délirants (encore moins quand on a la bonne clef de lecture). Après on me rétorquera que c’était la psychiatrie d’il y a un siècle et que les choses ont bien changé aujourd’hui. Juste pour vous donner une idée, il y a quelques mois de ça j’ai parlé avec un psychiatre qui a réussi à me dire sans trembler des genoux que l’autisme était une psychose.
Je le cite, parce que je l’aime beaucoup humainement parlant, sa capacité empathique est impressionnante, et qu’il a parfaitement saisi l’ampleur du problème :
Dans Positive Minders publié en 2021, Olivier Piedfort-Marin, un psychologue suisse, s’est penché sur la littérature scientifique disponible. Il estime que « entre un quart et la moitié de sujets TDI ont reçu auparavant un diagnostic de schizophrénie qui semble être l’erreur de diagnostic la plus fréquente chez les patients souffrant de TDI. » De fait, certains symptômes se ressemblent, mais l’origine de chacune des deux maladies est complètement différente.

Encore faudrait-il que ces messieurs arrivent à reconnaître qu’ils se sont plantés et par la même ont tourmenté, parfois atrocement, un nombre incalculable de gens depuis plus d’un siècle. Mais quand on voit l’arrogance inflexible dont s’habille le noyau dur de la psychiatrie, on n’a pas grand espoir de les voir un jour s’en repentir. Depuis, ils font toujours preuve d’une violence inouïe envers des êtres hypersensibles qu’ils sont incapables de comprendre dans leur rigidité froide comme la pierre.
Comment peut-on confier des psychés si fragiles et sensibles à ces monuments de suffisance ? On juge un arbre à ses fruits et, définitivement, je ne peux plus encadrer les disciples du dogme de Freud.
Vivement qu’il ne soit plus qu’une parenthèse noire de l’Histoire psychique, qu’on puisse enfin respirer.


Les neuroatypiques ++
Ce qui me frappe le plus avec le recul, c’est cet état de fait bien triste : à chaque fois qu’il y a quelque chose de pur, de différent, qui apparaît en ce monde, il est martyrisé par la violence. À partir de là, il ne faut pas s’étonner d’être encore et toujours dans la même impasse et le même sempiternel climat d’affrontement, de désunion. Ne pourrait-on pas essayer de prendre soin de ces êtres-là, sans les re-traumatiser encore ?
Ils ont déjà bien assez à faire avec les tourments intérieurs et la gestion de leur émotions exacerbées. Ils ne pourront pas vraiment s’intégrer et faire comme tout le monde, ils ont besoin de filtres protecteurs, de leur bulle. Les marteler sans cesse avec l’idée qu’ils doivent redevenir « normaux », redescendre sur terre, c’est cruel, violent et d’une arrogance qui mérite des claques. Pire, les y forcer c’est les condamner à dépérir rapidement, à s’éteindre dans une agonie aux douleurs décuplées par leur âme hypersensible.
Il y a bien plus intelligent, compassionnel et fructueux à faire pour ces êtres-là. Que leur monde intérieur si riche ne soit plus uniquement un bastion où se replier, loin de la bassesse et de la brutalité, mais le filon d’une mine d’or artistique, d’idées novatrices, d’idéaux universels de bonheur et de beauté vers lesquels tendre. Il ne s’agit pas de mettre Ludwig et les autres neuroatypiques d’origine traumatique sur un piédestal. Ils restent des humains qui, par ignorance et tourment, ne sont pas à l’abri de faire le mal, d’autant plus qu’en ce qui concerne ce Roi perché, il n’a pas eu l’occasion de terminer son processus psychique de l’éveil.
Je l’admets volontiers, avant de comprendre ce qui nous arrive et de faire ce travail d’ordonnancement, de création de lien entre les parties dissociées pour aller dans un même sens, c’est un bordel sans nom, avec des changements d’humeur soudains (permutations) qui laissent pantois l’entourage. Je cite :
« Louis avait certainement des dons très riches. Mais ses nerfs emportaient tout. Vite accablé par les émotions, irritable, sujet même à de violentes colères, surtout aux changements d’humeur les plus soudains et sans cause apparente, il était incapable de se gouverner lui-même. »
En ce qui nous concerne, la colère de Scar a explosé sporadiquement tout au long de notre vie pour atteindre son apogée à l’éveil, avec l’escalade en notre être d’une fureur qui nous blessait l’âme. Là il nous arrivait de détruire des choses et de hurler sur les gens, mais jamais on n’a agressé physiquement un autre être humain. La violence réelle me répugne, quand bien même suis-je potentiellement capable de l’incarner, et c’était le cas de Ludwig également.
En ce qui concerne le carrousel des émotions, je peux dire la même chose de Timora et de ses crises d’angoisses. Je cite encore :
« Dès l’enfance, il était sensible à la laideur physique à un degré qu’on n’imagine pas. Lorsqu’il rencontrait certains domestiques de la Résidence, d’une physionomie particulièrement ingrate, Louis se tournait contre le mur en criant. Jamais il ne s’affranchit de ces aversions tyranniques. Il voulut plus tard, étant roi, retirer l’emploi de héraut, pour les fêtes des chevaliers de Saint Georges, au gentilhomme qui en était le titulaire, sous le prétexte que son visage lui déplaisait. On représenta au souverain qu’une telle disgrâce risquait de blesser profondément, et sans cause, un fidèle serviteur de l’État. Louis s’inclina, mais non sans exiger qu’à la cérémonie prochaine on dissimulerait à sa vue le héraut sans beauté. »

Les traumatisés le savent bien, un physique ou même un détail de la physionomie de l’agresseur chez une autre personne (ou le timbre de sa voix, sa gestuelle, etc) peut déclencher une crise d’angoisse, consciente ou inconsciente de la raison qui la provoque. Le réflexe premier pour le Protecteur est évidemment d’éjecter le trigger. S’il ne peut pas le faire, alors on pratique l’évitement. Cette anecdote de sa vie, une parmi tant d’autres, illustre très bien ce principe.
L’avantage certain quand l’on est conscient de ce phénomène, c’est qu’il nous permet de repérer et de se protéger des éventuels prédateurs (terme voulant dire ici « esprits mal intentionnés ») qui essayeraient de nous approcher. Le physique ne veut pas forcément dire grand-chose (bien que Miss Marple avait une approche intéressante à ce sujet). En revanche, la façon de poser sa voix et le langage corporel sont déjà bien plus révélateurs, car les prédateurs utilisent d’instinct des techniques d’hypnose basées sur l’induction.
Scar (assisté plus récemment par Gaïa dans cette tâche) est toujours en alerte et repère directement tout ce qui s’apparente à une tentative de manipulation (c’est d’ailleurs très drôle de le voir ouvrir la porte à un commercial).


À côté de cela, il est certain que la laideur en elle-même peut facilement se faire un trigger quand on a besoin de filtres protecteurs pour fonctionner correctement. Tout ce qui agite la mémoire traumatique sera perçu comme un danger à écarter au plus vite. Vous l’aurez compris, c’est compliqué d’avoir une vie sociale et même souvent contre-indiqué tant qu’on n’est pas conscient et stabilisé. Aujourd’hui nous sommes bien plus équilibrés, tous les symptômes handicapants s’estompent petit à petit, bien que l’on demeure toujours multiple, hypersensible et autiste, avec tout ce que ça implique en terme relationnel.
Quant à savoir si un tel personnage était fait pour être un Roi, on serait tenté de dire que non. Et pourtant…
Il est tout de même à noter que ce « fou » a, à mon sens, pris les bonnes décisions pour le bien de son peuple. Que ce soit de mettre en place la première assurance sociale de Bavière, d’exiler Wagner au prix d’une souffrance profonde, de refuser la guerre, d’y entrer contraint et forcé, de pleurer même pour la France vaincue par la Prusse, Ludwig a fait preuve de sensibilité, de sagesse et d’abnégation. Bismarck lui-même lui témoignait un respect particulier, alors qu’il avait toutes les raisons de toiser ce qui est l’incarnation de la faiblesse pour un militaire impérialiste.
Utiliser au mieux leurs qualités, celles du Cœur en tout premier lieu, de cette pureté pleine de noblesse qu’ils ont conservée en eux, envers et contre l’Enfer. Car si tous les rois avaient été comme lui, si on s’attachait à toujours placer des Innocents aux commandes des sociétés humaines, le concept de guerre, qui est par définition fratricide, serait une chose révolue.
Pour donner le meilleur de lui-même (et il avait beaucoup à offrir), il aurait fallu que Ludwig puisse accorder une réelle confiance à ses ministres, que ceux-ci soient autour de lui dans le but sincère d’être au service du Royaume et du peuple, et non pour des raisons bassement personnelles, militaires et politiques.


Son entourage direct était beaucoup trop brutal pour lui. Que ce soit l’étiquette oppressante de la cour ou le cirque mesquin des intérêts politiques qu’il juge sévèrement, et à raison, la violence et la bassesse extérieures n’ont eu de cesse de le forcer à se retrancher toujours plus loin, toujours plus haut, dans son monde intérieur sécure.
Un parallèle qu’il me semble important de faire est celui du schéma classique des traumas liés à des abus sexuels et cette armée Prusse qui souille, humilie la France, comme il le dit. Pour résumer, nous avons donc un agresseur violent (la Prusse), qui l’oblige à faire des choses qu’il ne veut pas car elles bafouent son sens du Sacré, qui l’emplissent de honte et de dégoût de lui-même car, pour protéger son peuple bien-aimé, il n’a pas d’autre choix que de collaborer à cette invasion de la France qu’il aime. Il s’est donc rendu complice de la profanation du Beau, du Sacré, en un mot d’Elsa.
Est-ce que cette superposition, cette correspondance entre ses traumas dans l’enfance, la façon dont s’est configurée sa psyché et ce qu’il se passait alors à l’échelle géopolitique ont réactivé (ou tout du moins agité) sa mémoire traumatique ? C’est plus que probable au vu de sa réaction, car son état s’aggrave dès cette époque et il se replie davantage dans son cocon protecteur, dans son idéal vital qui n’est pas souillé par la brutalité. En parallèle et sous l’effet de la dissociation qui s’accentue, la facette de ses pulsions se renforce et le combat intérieur, avec toutes les souffrances qu’il engendre, reprend de plus belle.
Il aurait fallu qu’il ait la possibilité d’être lui-même guidé dans son processus psychique par un esprit éclairé et bienveillant. Mais personne à cette époque ne pouvait véritablement tenir ce rôle auprès de lui. Et quand bien même il aurait eu accès à ce savoir, à l’existence et au fonctionnement d’un TDI autistique, qu’aurait-il pu en faire sans que l’Église ne crie à la possession, et la psychiatrie, comme elle l’a fait d’ailleurs pour moins que ça, à la folie ?
S’il avait déjà du mal à encaisser ce qu’il pensait être de l’homosexualité, qu’en aurait-il été de sa multiplicité ? Au contraire, peut-être aurait-il enfin trouvé les réponses qu’il a toujours cherchées dans le symbolisme onirique. Car s’il avait pu prendre conscience de sa multiplicité et l’aligner sur les cycles, il aurait pu être chaque partie de lui sans dommage et sans souffrances. Être cet amoureux chaste et tendre. Cette adolescente amourachée et fiévreuse. Cette Elsa si pure et fragile qui appelait son chevalier. Cet ermite farouche aux idées noires. Ce charmeur enjoué et scénique qui faisait rire la triste Sisi aux éclats. Cet esprit contemplatif et silencieux qui glissait sur l’hiver opalin de la nuit.
Et plus que tout, il avait besoin d’une personne sincère qui le comprenne et sache l’apprécier, qui soit à la fois un ancrage doux, authentique et un intermédiaire fort et sécure avec le monde extérieur.
Cette personne existait et fut sa contemporaine, malheureusement le destin les a séparés très vite.
Élisabeth
Plus connue sous le nom de Sisi, Impératrice d’Autriche, elle était la cousine de Ludwig.
Loin du portrait romantique et glamour du cinéma, c’était elle aussi une personnalité atypique, un esprit contraint dans sa chair mais qui a su rester libre, indomptable, au prix d’une perpétuelle errance. Ces deux-là sont à mon sens l’incarnation de cette phrase que j’aime beaucoup : la Femme est la Matière qui tend vers l’Esprit et l’Homme l’Esprit qui tend vers la Matière. Je la trouve très vraie, très belle aussi.
Tous deux avaient cette faculté de se comprendre naturellement et, ensemble, ils auraient pu évoluer dans le bon sens, ou en tout cas dans une direction moins tragique. C’est avec elle qu’il aurait dû vivre et c’est avec lui qu’elle aurait été heureuse. Elle lui plaisait énormément, j’en veux pour preuve que dans leurs moments d’intimité, son K se manifestait dans le jeu de séduction romantique auquel ils s’adonnaient l’un et l’autre. Il la faisait rire et pour réussir ce tour de force, elle qui avait l’âme si mélancolique et morbide, il n’y avait que l’essence d’un K pour y parvenir.
Il faut savoir que le personnage mythologique préféré de Sisi était Achille (si vous ne connaissez pas vos classiques c’est le moment tout indiqué pour vous culturer).
Elle se faisait également attacher au mat du bateau lors des fortes tempêtes en mer et hurlait avec le tonnerre tout ce qu’elle refoulait de peine et de colère.


Bien sûr, configuré comme il l’était, il n’aurait pas pu la toucher (ni elle se laisser toucher). Pour un profil comme le leur et le nôtre, cela demande une réelle prise de conscience et un travail de collaboration interne entre les parties dissociées.

La confiance est donc au cœur de la solution, car c’est uniquement parce nous avons travaillé nos liens que cela est aujourd’hui possible. On restera toujours dissocié (et franchement ça ne nous dérange pas, plus maintenant), mais par une collaboration cimentée par l’amour et le respect, il nous est enfin permis de vivre ensemble, d’une manière qui convienne à toutes les parties.
Pour en revenir à Sisi, tout porte à croire qu’elle lui décernait elle aussi la première place dans son cœur :









Le problème quand ils le regardent, c’est qu’ils ne voient pas le sens, tout comme je l’avoue j’ai bien du mal à en trouver dans leur logique et leur vision du monde. Ce n’est donc pas étonnant qu’ils n’arrivent pas à poser le juste diagnostic sur son cas, puisqu’ils réfléchissent en ces termes. Autant dire qu’ils peuvent encore cogiter pendant mille ans, d’autant plus que le TDI est encore très largement méconnu (principalement parce que sa cause, abus sexuels sur des enfants, est LE sujet tabou entre tous).
On voit quand même bien que ses émotions sont cloisonnées, en contradiction les unes avec les autres et donc source de conflit, de déchirure intérieure. Mais c’est aussi cette multiplicité qui a fait qu’à chaque seconde de sa vie, souvent paradoxale, il fut sincère en tout.
Bien évidemment il y aurait tellement plus à en dire et ce serait une véritable enquête à mener, sous cet angle du TDI autistique, que de fouiller dans les archives et les documents d’époque, mais aussi dans la multitude de biographies dont il a fait l’objet. Ainsi, en les comparant avec les découvertes récentes en neuroscience et les témoignages des multiples/autistes sérieux, il serait possible d’établir ou non le bien-fondé de ce qu’on avance et, peut-être, de poser un diagnostic définitif sur l’énigme qu’il fut et qu’il est encore.
Je terminerai en citant l’hommage que lui a rendu Verlaine, car il nous a beaucoup émus et qu’il sera parfait pour conclure :
A Louis II de Bavière
Roi, le seul vrai roi de ce siècle, salut, Sire,
Qui voulûtes mourir vengeant votre raison
Des choses de la politique, et du délire
De cette Science intruse dans la maison,
De cette Science assassin de l’Oraison
Et du Chant et de l’Art et de toute la Lyre,
Et simplement et plein d’orgueil en floraison
Tuâtes en mourant, salut, Roi, bravo, Sire !
Vous fûtes un poète, un soldat, le seul Roi
De ce siècle où les rois se font si peu de chose,
Et le martyr de la Raison selon la Foi.
Salut à votre très unique apothéose,
Et que votre âme ait son fier cortège, or et fer,
Sur un air magnifique et joyeux de Wagner.
Merci de m’avoir lu !