La Voie de son Âme
Sans m’atteler à la nomenclature d’une déontologie de l’Alchimiste, si ce n’est la mienne pour moi-même, il y a pourtant quelques points sur lesquels je souhaite préciser ma position, et qui m’ont semblé constituer mon éthique personnelle.
L’exercice s’annonçait amusant, alors je me suis lancé !
Vous le constaterez très vite, le Yang en nous qui régit cette catégorie plus « philosophique » de notre expression vers l’extérieur, peut dévoiler une belle tête de con quand le sujet l’échauffe. Ainsi je vais m’empresser de commencer par préciser ceci :
L’exercice de son jugement n’est pas fatalement lié à une notion de sentence à caractère punitif, si ce n’est celle de s’éloigner de ce que l’on juge être mauvais pour soi-même.
Ma vision est celle des dynamiques psychiques, qu’elles soient individuelles ou à l’échelle d’un collectif qui les applique. Donc oui, je vais juger, car il n’y a que moi-même pour déterminer où je mets les pieds et si c’est bon pour mon être où non. Ainsi je me montrerai parfois vindicatif envers certaines choses/personnes dont la dynamique malsaine me déplaît particulièrement, mais jamais sans arguments ni de manière purement gratuite.
Objectiver le Monde est un droit sacré et inaliénable de l’esprit, point barre.
Après, bien sûr, ma vision de ce Monde n’a pas à faire Loi. Elle n’a vocation qu’à faire réfléchir un lecteur en quête de son âme, lequel seul peut et se doit de conserver sa propre faculté de jugement qui le gardera de se trahir lui-même. C’est ma vision singulière et ce sacerdoce embrassé que je vais vous partager, non ceux de Pierre, Paul ou Jacques, en vertu de quoi et en ce qui me concerne, je ne me trahirai pas.
S’il s’avère que mes propos vous choquent parfois, mes excuses sincères à votre sensibilité (vraiment), mais bon, je suis chez moi, je dis ce que je veux.
Et si malgré ça une certaine « Gestapo de la pensée » n’est pas capable de respecter la liberté d’expression de son prochain sans chercher à le détruire personnellement, j’invite ses pions à déposer une réclamation auprès du Modérateur.
Voilà !
En revanche, et c’est tout aussi sincère, vous avez parfaitement le droit de ne pas partager ma vision et mes positions. Mieux encore, si d’aventure vous ressentez le besoin d’entrer en opposition avec ma pensée, vous avez ma bénédiction pour me refaire le portrait sur la plate-forme de votre choix. Par contre ne comptez pas sur moi pour m’y attarder et y répondre d’une quelque manière que ce soit. Les clashs d’égos n’apportent jamais rien de bon. On a tous mieux à faire de notre Feu.
Ce qui m’amène directement à cette question :
Une Communauté ?
Sans suspens aucun, mon antre ne sera pas une communauté dans le sens d’un lieu d’échange, grouillant des activités d’âmes diverses et variées, entrant et sortant comme d’un moulin à vent. En plus d’une faible tolérance à l’agitation, je suis très attaché à ma liberté et aligné psychiquement sur le cycle annuel des saisons, ce qui est incompatible avec le rythme déraciné de la société moderne. De ce fait, je n’oppose aucune résistance à la survenue d’un état dépressif qui, je le sais, précède toujours ma renaissance. Je peux donc me replier sur moi-même pendant plusieurs mois consécutifs, ce qui n’est pas compatible avec la gérance d’une communauté qui, pour rester fidèle, attendrait de moi un apport régulier de matière.
Pour le lecteur extérieur, si j’ai créé ce Blog, c’est avant tout pour partager mes connaissances et mon expérience dans le domaine du psychisme. Vous le remarquerez vite, il n’y a ici aucune possibilité pour le lecteur de commenter quoi que ce soit.
Ce choix, je l’ai fait pour plusieurs très bonnes raisons. La principale découle directement de ma propre expérience en terme de communication avec les gens du dehors. La plupart du temps, ma façon d’expérimenter l’existence est trop radicalement différente de celle de la majorité. Ce gouffre que j’ai souvent déploré, au bord duquel mille et une larmes ont déjà été versées sans réussir à le combler, se tient entre le monde physique et moi comme une condamnation à la solitude. A chaque nouvelle tentative de me communiquer c’était la déconvenue et ce même goût amer de l’échec, qui m’a quelques fois amené à vomir sur l’entièreté de l’humanité.
Je suis parfaitement conscient de la part sombre de l’âme humaine, il s’agit d’ailleurs de l’un de mes thèmes de prédilection dont je parlerai longuement dans le dossier approprié.
Aussi, les sujets controversés, spirituels et souvent borderlines que j’aborderai sont autant de bâtons pour me faire battre, avec toute la véhémence dont peuvent faire preuve les esprits fermés à l’invisible et, plus largement, à ce qu’ils ne connaissent pas et ne veulent pas connaître.
Entre les différentes appellations « mythomane, schizophrène ou possédée à exorciser (peut-être à venir « sorcière, au bûcher ») », ce ne sont pas les points de vue péjoratifs qui manquent pour me lapider. Tendre sous mon armure, comptant en moi des alters enfants que j’ai le devoir sacré de protéger, je ne souhaite tout simplement pas me tenir en état d’hypervigilance, prêt à encaisser à tout moment la malveillance désinhibée de l’anonymat où la maladresse, tout aussi pardonnable soit-elle, du tout venant.
Faire la police des commentaires ne m’intéresse donc aucunement, pire, ça me gonfle. Nous sommes ici chez nous, c’est un havre sécure et je tiens à ce qu’il le reste (tous les multiples me comprendront sur ce point).
Je ne suis pas inaccessible pour autant et un formulaire de contact est à la disposition de ceux en qui mes propos auront trouvés une résonance, et qui souhaitent établir une communication sincère, équilibrée dans le donner et le recevoir. Sans être spécialement dans l’attente de ce genre de rencontres fortes, cela reste un espoir au fond de mon cœur, et une partie de ma motivation à m’ouvrir davantage sur le monde y trouve une source. Pour autant, la notoriété et la reconnaissance humaine ne font pas partie de mes aspirations profondes, pire, je m’en méfie comme autant de chemins trompeurs, de shoots égotiques révélateurs de blessures et de carences intérieures.
Ais-je besoin d’entendre à chaque nouveau poste « mais qu’elle belle âme » ou « gratitude, tu éclaires mon chemin », jusqu’à ne plus pouvoir me passer de me faire quotidiennement flatter à l’excès ? De me poser en intermédiaire élu face à toutes les âmes perdues, pour récolter une gloire sans saveur d’être le petit canal d’une Conscience qui nous dépasse et nous appelle tous ? Non. Je souhaiterai davantage des rapports d’égal à égal d’un même et unique langage, celui de l’âme, non d’une cour de suiveurs pour encenser ma parole et me couronner de lauriers.
En clair, je me défie de tout échange incluant une position Maître/élève, Élu/profane, et déplore cette propension qu’on un certain nombre de gens à se chercher un leader pour leur montrer le bon chemin. Cette Quête de la conscience est intérieure, elle est personnelle et propre à chacun. Ce sont vos réponses face à vous-même et non celles d’un autre à l’extérieur qui doivent guider vos pas. Ainsi, je ne désire pas devenir l’éventuelle tête de proue d’un nouveau dogme sur le marché de la pensée, avec plein de petits clones de moi pour semer à tout va des citations slogans de ce qui se veut être une vue d’ensemble complexe.
Je précise néanmoins que je ne m’adresse pas qu’à des personnes diagnostiquées avec un TDI. Je n’ai aucun ami multiple, pour la simple raison qu’ils sont majoritairement des adeptes de l’approche pathologique et médicale, donc horizontale, de la Dissociation. Le contenu de ce Blog est à la première destination de ceux qui, tourné vers leur intériorité, ont abandonné toute validation et flatterie de l’extérieur, car ils vivent intimement cette notion multidimensionnelle du psychisme qui déchire le voile de l’illusion. En une phrase, ceux qui sont leur propre maître au service du Feu Divin qui les anime et les guide.
Pour les autres qui n’en sont pas encore là, vous avez bien sûr la liberté de vous promener ici et de prendre uniquement ce qui trouvera une résonance en vous. Mais pour être honnête et lucide, l’expérience m’a démontré que l’on ne peut ni reconnaître ni entendre ce qui n’a pas été éprouvé au dedans. L’empathie en est un excellent exemple, puisqu’elle est une résonance forte à la vue d’une souffrance portée avant tout en nous même. Cette souffrance extérieure est alors reconnue et immédiatement partagée, éprouvée, comme si elle était la nôtre. En mécanique quantique, ce qui est semblable est ensemble, peu importe l’espace et le temps. Mais c’est un vaste sujet à part entière que j’aborderai comme il se doit au juste endroit.
Maintenant, si je ne devais parler que pour moi en laissant de côté l’aspect d’ouverture vers l’extérieur, cet endroit, notre havre, est un moyen très efficace d’objectiver mes dynamiques internes. Quand je laisse mes alters s’exprimer librement et interagir entre eux sous cette forme physique de dialogues, j’apprends beaucoup plus vite et suis plus réactif, créatif, pleinement acteur de cette pratique Alchimique. L’entièreté du Blog et son fonctionnement ont été conçus dans cette optique de matérialiser au mieux les dynamiques de notre multi-dimensionnalité. On aime à dire qu’il s’agit là de notre album photo, de la cristallisation de communications intangibles et bien souvent ineffables, entre les différentes strates connectées qui échafaudent notre être. Par la suite, les relire active nos souvenirs dans une délicieuse réminiscence, hors de l’espace et du temps, là où le Divin conserve précieusement la souvenance simultanée du Tout. Pour le Yang en nous c’est également une compilation de précieuses prises de notes qui, avec le recule, pourront encore apporter leurs « eurêka » tardifs, m’assurant décidément de la cohérence fabuleuse du Grand Tout.
Considérez donc que ce Blog est une fenêtre ouverte sur mon Royaume intérieur, que je m’y livrerai pour le pire et pour le meilleur, sans tabou ni souci aucun de plaire ou de déplaire, simplement moi-même, de Muladhara à Sahasrara.
Tout cela étant dit, passons au point suivant :
L’argent
Ah, l’argent, cette chose que chacun convoite et pour laquelle on est prêt à sacrifier notre précieux temps de vie, comme s’il s’agissait là de l’obtention du Nectar et de l’Ambroisie. L’argent, le boulet et la chaîne d’un esclavagisme moderne, où les coups de fouet qui brisent les volontés ont été remplacés par l’apathie spirituelle de consommateurs avides. L’argent, ce rien qui donne le pouvoir aux pires d’entre nous de décider de la direction physique du Tout. L’argent qui achète des vertus de façade pour le plus grand plaisir des adeptes de la mascarade.
Vous l’aurez compris, pour moi l’argent est davantage un outil délétère et le serviteur fidèle d’un mal profond qui gangrène les âmes et le monde. Toujours en quantité faramineuse dans les plus mauvaises mains, celles qui ne répugnent pas à être sales sous des gants de soie, l’argent semble faire pourrir à grande vitesse tout ce qu’il touche, et l’on peut assez justement juger de l’état de conscience d’un être en observant son rapport à celui-ci.
Mais jusqu’à quel point cette chose peut-elle acheter les valeurs inaliénables de notre âme ? La réponse semble très alarmante si l’on en juge aux aspirations de la majorité, et jusque dans l’approche marchande de ceux qui se disent « éveilleurs de conscience », une main tendue vers le Ciel, l’autre sur le tiroir-caisse. C’est bien souvent sur cette question de la richesse matérielle que mes derniers lecteurs qui esquissaient encore un sourire me lancent soudain des regards noirs.
Qu’à cela ne tienne, chacun est libre de ses choix et de ses priorités, en fonction des buts que sa nature elle-même lui fixe.
Et moi dans tout ça ? Faire de l’argent ? Cette question m’a tourmenté presque toute ma vie et, encore aujourd’hui, c’est en m’arrachant la glotte au passage que je propose enfin un « produit » en échange de quelques piécettes pour arrondir les fins de mois. Cela n’est s’est pourtant pas fait en transgressant mon intégrité morale plus qu’il ne le fallait. Vivre toute ma vie dans ce que l’on nomme « pauvreté » ne me dérange pas. Plus encore, j’y trouve nombre de vertus qui me permettent de toujours apprécier le peu que j’ai et de cultiver mon ingéniosité, ma capacité d’adaptation.
En harmonie avec cette pauvreté, je puis paradoxalement me payer ce luxe rare de jouir (presque) pleinement de mon temps de vie pour faire ce qui enflamme mon âme, ce qui compte, ce qui me rend heureuse d’exister telle que je suis. Ce choix de renoncer à l’assise financière me délivre en réalité de bien des façons, notamment quand il s’agit d’un point crucial pour moi : conserver une totale liberté de décision sur mes œuvres et ma pensée. Ce simple désir, légitime s’il en est, me ferme les portes de l’édition et des partenariats basés sur la création de bénéfices. Et c’est tant mieux. Si je voulais obtenir votre argent je serai obligé d’être bien plus consensuel dans mon discours, de ratisser large en caressant cette majorité dans le sens du poil puis, pactiser avec l’entité « Entreprise » qui ne voient en vous et moi que le gros bénéfice en perspective.
Comme le disait Cyrano dont je partage la ferveur du zéro compromis : « Non merci ! »
Argent et Spiritualité
A-t-on seulement le droit moral de vendre des connaissances spirituelles acquises par l’expérience directe ? Cette connaissance m’a été offerte gracieusement, pas à pas, par la bienveillance de ce que l’on peut nommer « le Divin ». L’idée même de m’enrichir sur cette gratuité, ce don extraordinaire et inatteignable par moi-même, me répugne jusqu’à la nausée. Que je sache ce n’est pas le Divin qui a inventé l’argent, il s’agit d’une création purement humaine, pour le pire bien plus que le meilleur. En terme de cohérence, argent et spiritualité sont difficilement conciliables, et tous les Sages au travers de l’Histoire s’en sont toujours détachés pour n’être pas dupe de sa vacuité.
Je ne suis pas un expert de la vie du Bouddha (pour ne citer que lui), mais de ce que j’en ai compris il n’a pas ouvert son échoppe sur la place du marché pour vendre ses mémoires et des effigies de sa personne. Force est de constater que la néo-spiritualité occidentale, embourgeoisée ou désirant de l’être dans sa grande majorité, a simplement adapté une spiritualité compatible avec le capitalisme, celui qui nous amène toujours droit dans le mur aux dernières nouvelles.
« Abondance » nomment-ils cela en remerciant le Ciel.
Bien sûr, dans les faits, on ne peut à la fois pratiquer une Alchimie intérieure dans toute sa dimension mystique et cyclique, et assurer dans le même temps la promotion à grande échelle de son image et de son merchandising. Entre les deux, il faut choisir, autant dire que les authentiques ne sont pas sous le feu des projecteurs, mais bien incognitos et anonymes dans le creuset de leur intérieur. Cette dissonance entre la parole et les actes est loin d’être la seule : « tournez-vous vers votre intérieur » disent-ils, tout en courant les conférences, les stages et les réseaux sociaux grégaires qui focalisent leur attention sur l’extérieur.
En ce qui me concerne, je n’ai donc rien à vous vendre en matière de connaissances. Tout ici est gratuit et partagé avec le Cœur, dans l’espoir que ces clefs de lecture pourront être utiles à d’autres, sur ce même chemin de la connaissance de soi (et aussi parce que ça m’amuse beaucoup de monologuer).
Se vendre, donc… Que ce cas de conscience vous taraude ou non, moi en tout cas il est au centre de mes préoccupations depuis que Josy s’est mise à parler Boutique.
Du coup, après délibération où chaque alter concerné a pu exprimer son point de vue et ses besoins, il a été décidé de ne vendre que notre travail d’illustration et de simplement offrir tout le reste. Ce travail de théorisation, d’analyse, de réflexion et d’expérience, en un mot le petit infini spirituel de mes connaissances, tout cela appartient de droit à l’humanité et ne peut selon moi se monnayer sous aucune forme. C’est ma conviction personnelle et elle est alimentée par mon amour véritable de l’humain.
Bien sûr, mon Tarot est illustré pour répondre à la théorie, mais n’importe quel autre tarot fait très bien l’affaire, puisque je n’ai pas touché à sa structure originelle pour transposer mon modèle. De plus, son manuel où l’approche est détaillée se trouve en libre consultation ici.
Une autre raison, dans le domaine bien concret cette fois, ce sont les conséquences environnementales de la production à grande échelle. On ne parle ici que de papier et d’encre mais c’est valable pour tout ce qui pactise avec le marché de la quantité. Autant dire beaucoup de choses…
« Oui mais alors on ne fait plus rien ! » me direz-vous ? C’est pour cela que la voie de la spiritualité est appelée « le chemin étroit », précisément parce que les foules ne s’y pressent pas.
Une pensée particulière à tout ceux que j’ai vu illustrer des oracles vierges, où quelques mots étaient inscrit à côté d’un petit dessin digne d’un gosse de maternelle. Alors vous êtes gentils et plein de bonne volonté, je ne dis pas le contraire, mais songez au nombre d’arbres qui sont coupés juste pour qu’on puisse gribouiller en se prétendant créatif. Depuis quand le papier a-t-il à ce point perdu son statut de matière précieuse ? Et ensuite on va faire des câlins aux arbres ?
Vous ne vous sentez pas un peu honteux au fond de vous ? Parce que moi oui en tout cas, et pourtant je ne gribouille pas. Je ne peux pas juste me dire que si tout le monde le fait j’ai bien le droit, moi aussi, de tenter de faire des gros sous. De laisser les vannes ouvertes tant que le cash des foules faméliques continue d’abonder.
C’est donc l’une des raisons pour laquelle le nombre d’impression de Cartes et de Tarots sera limité.
Si business je dois faire celui-ci restera à taille humaine, et rien de ce que je ne peux gérer à moi seule ne sera entreprit, quand bien même et à plus fortes raisons si j’en venais à crouler sous la demande. Ne pas prendre plus que ma juste part, celle qui me permet de vivre humblement de mon travail artistique, est la clef de voûte de mon rapport à cette Boutique. Il y aura donc toujours un stock très limité d’impression de mon Tarot et des cartes postales, lesquels ne seront renouvelé qu’en fonction de mes modestes besoins financiers.
Je ne puis aller au-delà de ça dans mon rapport à l’argent, c’est en accord avec mon âme et que le Karma me frappe sans pitié si je me parjure.
Réquisitoire, top départ !
En préambule, je vous invite à regarder ce petit reportage très instructif (17 min).
Bien, pour ceux d’entre vous qui tiennent un petit business basé sur la litothérapie ou qui êtes tout simplement des consommateurs de pierres dans une démarche spirituelle, là tout de suite, vous devez probablement avoir envie de me casser la bouche pour avoir entaché votre superbe.
Pourtant les choses sont simples, soit on est cohérents et fidèles aux valeurs que l’on prône et on ajuste la trajectoire autant que faire ce peut (l’erreur est humaine pour tout le monde sans exception et tout au long de nos vies). Soit la dissonance cognitive est trop difficile à surmonter, drapé dans sa vertu l’on fait preuve d’une totale mauvaise foi pour des raisons purement égotiques et/ou vénales, et on agresse/ignore le messager.
Je ne vais pas mentir, mon expérience m’a démontré que la réaction majoritaire est bien souvent la seconde, et ça peut être d’autant plus violent quand les robes éclaboussées disposent d’une communauté (et d’une aura d’exemplarité).
Qu’aurai-je besoin de dire de plus ? Que Maman Gaïa cautionne ce pillage de ses entrailles, la défiguration de ses paysages et la mise en esclavage ?
La question ici n’est même pas de déterminer si oui ou non ces pierres ont un réel pouvoir (bien que ça n’ait pas l’air très efficace pour les autochtones, soit dit en passant), mais l’impact qu’à ce besoin effréné de consommer ce qui, par définition, est dénué de substance. La spiritualité n’a besoin d’aucun intermédiaire physique, tout comme Dumbo n’a pas besoin de sa plume pour être capable de voler. Vous pourriez être seul sur une île déserte sans rien d’autre qu’un tapis de sable blanc, ou être enfermé dans un sombre cachot boueux, oublié de tous, vous seriez toujours capable et même davantage de l’expérience directe avec le Divin. Et Celui-ci vous enseignera comment guérir votre âme, même si vous n’avez aucune pierre magique, même si vous n’avez jamais lu le moindre livre d’un quelconque élu autoproclamé, et même si vous n’avez pas le moindre sous en poche pour acheter votre salut.
Alors, si ça fonctionne sans rien, pourquoi continuer d’acheter avec tout ce que ça implique de néfaste ? Parce qu’il ne s’agit là que du marché de la litothérapie, mais c’est valable pour tout. Parce que chacun réclame l’abondance matérielle (qui ne sert qu’à nous extraire un peu plus de notre environnement naturel pour s’embourgeoiser, à l’image des élus dont on désire le train de vie), c’est un pillage généralisé de la planète qui s’opère. Dans un monde de matière finie, ce que l’on accumule jusqu’au ciel d’un côté, on le prend forcément ailleurs. On ne crée rien, on transforme et on déplace, c’est tout. Je pense être réaliste en disant que la solution n’est certainement pas la poursuite de cette expansion dans l’abondance matérielle. Il suffit de regarder autour de nous pour comprendre qu’il faut au contraire tabler sur une décroissance.
Le niveau de pollution atteint des sommets et le gaspillage est obscène. Les animaux ont de moins en moins de territoire, envahis par l’expansion humaine et soit disparaissent en masse, soit débaroulent dans les villes par centaines comme on peut le voir en Inde, par exemple. Une machinerie infernale est à l’œuvre, alimentée par le désir humain de s’émanciper des règles du jeu de l’incarnation, mutilant la Vie bien plus que d’œuvrer pour l’harmonie.
« La Terre, Maman Gaïa », l’humain semble au contraire faire tout ce qu’il peut pour ne plus jamais avoir à mettre les mains en elle pour la cultiver, en symbiose réelle avec les cycles naturels. Par dessus tout enfin, il s’agit de se jeter sur tout ce qui les tiendra éloigné le plus possible de leur intériorité, là où le Divin les appelle en vain. C’est un refus catégorique et général à se sevrer de la Matière, ce qui est pourtant une étape primordiale (et une ascèse cyclique) quand on prétend arpenter une voie spirituelle. Ce qui se passe à Madagascar n’est malheureusement qu’une goutte dans l’océan des malversations et des dissonances cognitives.
Ce gâchis, cette violence, cette iniquité, tout cela ne serait pas si l’humain se tournait enfin vers lui-même, afin de guérir les blessures profondes qui le poussent à la frénésie. Il est primordial de garder à l’esprit ce pouvoir destructeur que peut avoir une foule de consommateurs car, n’en doutez pas, les marchands seront toujours là pour vous enfourner de la matière mal acquise dans le gosier.
La « bonne nouvelle » c’est que la masse aurait le pouvoir de tout arrêter pour réclamer autre chose, si elle le voulait vraiment et qu’elle était assez éclairée sur les conséquences lointaines de ses actes, ainsi que capable de se coordonner à grande échelle pour faire cesser ces injustices, son propre esclavage et même éviter la tragédie mondiale qui nous pend au nez. Mais, de tout évidence dépendante de leaders à suivre et accro à la dopamine des achats compulsifs, la majorité des adeptes de cette spiritualité moderne ne sont en réalité pas des éveillés mais bien des gens lambda, accrochés de toutes leur forces aux règles d’un monde non pas à naître, mais dont la fin salutaire est en marche. De la même manière, cette doctrine de la spiritualité qu’on peut acheter, qu’on peut toucher, est largement prônée par des personne se revendiquant « éveillées », en harmonie avec le Cosmos. Celles-ci prêchant pour leur paroisse, faisant régulièrement de nouveaux adeptes qui vont consommer et faire consommer à leur tour. Cette hypocrisie des « élus » a vraiment le don de m’agacer profondément.
Voilà, c’est exactement ça, merci Maya.
Ça m’agace mais au fond je comprends vos raisons. On a tous peur, on est tous un peu perdu au milieu des évènements actuels et de l’incertitude quant à la chute d’un paradigme surconfortable. Mais s’il vous plaît, arrêtez de consommer et de faire consommer, vous ne voyez pas que l’humain est en train de tout dévorer ?
J’en arrive donc au dernier point que je voulais développer, celui de la danse consensuelle et morbide qu’il existe entre le vendeur et l’acheteur. A petite échelle cela ne semble pas bien grave, mais il suffit souvent d’amplifier le phénomène par le nombre pour que se dévoile une dynamique institutionnalisée des plus sinistres.
Avicii
Il y a quelques mois, en surfant sur la chaîne de la youtubeuse Horia, je suis tombée sur sa vidéo traitant du cas de Avicii, un jeune DJ devenu célèbre en peu de temps et pressé comme un citron jusqu’à ce que burn-out mortel s’ensuive. Si vous voulez avoir une idée globale de cette affaire (ce qui est mieux pour une bonne compréhension de mon propos, mais aussi pour établir un pont émotionnel avec notre sujet), sa vidéo est bien faite et agréable à écouter (45 min).
J’ai été très touché par son histoire car il avait ce profil un peu autistique de l’artiste, celui qui n’était clairement pas fait pour le devant de la scène et qui aurait mieux fait de s’en tenir à créer pour le plus pur bonheur de son âme. Face à ce vampirisme à grande échelle, qui est très loin d’être un cas isolé, il est bien sûr évident et logique de pointer de doigt une industrie vénale (pléonasme), maiiiis…
Maiiis ce serait passer sous silence la responsabilité de cette armée de consommateurs qui, pour l’avoir suivit dans le rythme infernal de ses représentations scéniques, ne s’est pourtant nullement préoccupée de son état de santé physique et mentale. Les dates de ses tournées et le galop effréné qui lui était imposé étaient pourtant affichées partout, à tel point que l’on peut véritablement parler de « non assistance à personne en danger ». Je trouve assez glauque et moyen de voir ses fans pleurer sa mort, celle-là même qui aurait pu être évitée s’ils l’avaient seulement considéré comme autre chose qu’un produit, un genre de juke-box tenu de jouer leurs airs préférés tant qu’ils y mettaient des pièces.
C’est pourtant de notoriété publique de nos jours, que le star-système est un enfer sur Terre pour tous les artistes et que, bien souvent, ça fini très mal pour ceux qui ont eu le malheur de mettre le doigt dans cet engrenage. Ne peut-on jamais réfléchir plus loin que notre propre plaisir immédiat, qui s’impose de plus en plus comme un droit et une fin en soi ? A quel point l’humain se sent-il majoritairement vide en lui-même pour s’emplir ainsi de la Lumière des autres jusqu’à l’éteindre ?
Puis-je vous faire mesurez l’horreur de cette dynamique au travers de mon regard ? Je conclurai donc ce réquisitoire à l’encontre de l’argent, des marchands et des consommateurs ainsi, par ce qui me semble être la parfaite illustration de ce qui est arrivé sur le plan purement subtil à Avicii, Paix à son âme, dès l’instant où la fausse lumière des projecteurs s’abattit sur lui :
Le troisième Coupable
Marchands et consommateurs sont-il vraiment les seuls responsable de cette dynamique institutionnalisée ?
Dans un souci de rester honnête jusqu’au bout, il me fallait aborder ce dernier point, à savoir celui du consentement de la dite victime. Pour continuer sur l’exemple de Avicii, il est assez clair qu’il n’a opposé aucune résistance à la maltraitance extrême qu’il subissait. Sans élargir cette question au-delà du sujet qui nous occupe spécifiquement ici, gloire, argent et création artistique, cela n’est pas un cas rare de prendre la proie humaine en flagrant délit de collaboration passive.
Mais pourquoi est-ce qu’on se laisse faire ? (bordel !)
Des Aspirations Frelatées
À la grande question du « c’est quoi réussir sa vie ? » je répondrais sans ambages que cela n’implique en rien l’avis et le mode d’emploi de qui que ce soit. Nous sommes tous différents, une expression unique des potentiels et, à ce titre, nous devons suivre notre propre voie, celle qui nous rend heureux d’exister tel que nous sommes. Dans les faits, pourtant, beaucoup d’entre nous ont associé ce que l’extérieur attend d’eux à ce qu’ils désirent réellement, au fond de leur Cœur. Ce genre de profil à tendance à donner le meilleur de lui-même en toute circonstance. Quand cela atteint un niveau pathologique, la personne ne vit plus que pour satisfaire les attentes des autres, qui se font toujours plus déraisonnables au fil du temps. Incapable de dire non, mut par un idéal sacrificiel grégaire, il se donne corps et âme, une aubaine pour les prédateurs désireux de faire de lui le plat de résistance d’un banquet à l’échelle de la forêt, pour qui réserve et paie d’avance.
La victime harponnée ne va pas voir le danger, persuadée même qu’il s’agit-là (selon les critères sociétaux) de la chance de sa vie. L’on peut alors observer la dynamique d’une trinité toxique qui, frénétique, est instable et n’a aucune chance de perdurer dans le temps (pour cela il faudrait une dynamique saine). Car « mourir jeune », c’est en effet le Karma de ceux qui s’embrasent sans discontinuer pour nourrir des vampires, jusqu’à ce que le feu de leurs vaines ambitions à tous ai entièrement consumés le sacrifié. La victime, certes trop gentille et bien à plaindre dans une analyse de surface, est elle-même déséquilibrée dans ses strates par un besoin quasi vital de l’approbation et de la valorisation par l’extérieur. Quand l’épuisement généralisé de son être commence à se manifester, elle va penser que c’est elle qui n’est pas à la hauteur et va faire tout le contraire de ce qui est bon pour elle : redoubler d’efforts.
Mais argent et gloire ne nourrissent pas l’âme, ainsi la chute ce qui se nomme « une star » est bien souvent inévitable.
Conclusion
Si vous ne vous revendiquez pas de ce sacerdoce spirituel et que le paradigme actuel vous sied, alors bien sûr mon discours ne vous concerne en rien. Chacun est libre de donner le sens qu’il juge correspondre au mieux à ses aspirations et de se fixer des objectifs en conséquences. Je désapprouve d’être à ce point désinvolte, jouisseur et égoïste mais, ma foi, je n’y vois aucune incohérence entre la pensée et les actes.
En revanche, pour ceux qui se revendiquent de la connexion au Divin, êtes-vous bien certains d’être cohérents à tous les étages avec votre laïus ?
Pour tout ceux (encore là) qui, remplis d’espérance sincères, aspirent en parallèle à la validation communautaire, à la notoriété et à l’abondance matérielle, vous êtes encore bien parasité par l’idéologie de la vacuité et ça, c’est tout sauf une voie spirituelle, pas même celle vers le simple bonheur intérieur au quotidien. Encore faut-il savoir faire le distinguo entre bonheur et jouissance. Tout cela encore ce n’est rien, puisqu’on avance tous à notre rythme. Mais quand on adopte un dogme spirituel à la mode à première fin du statut social qui permet de refourguer sa came, on se positionne en tant que Professeur avec un ascendant sur quiconque boit nos paroles. Et, ça, c’est autrement plus dommageable et condamnable, sous l’angle d’une spiritualité authentique. De mon point de vue, un véritable éveil de la conscience ne fait plus briguer les dynamiques malsaines du vampirisme (de son petit nom « le capitalisme ») et de l’ego blessé (de son petit nom « le narcissisme »), érigés en philosophie vertueuse de vie.
Si vous voulez aider le Monde dans sa transmutation actuelle, changez véritablement de paradigme et assurez-vous de la cohérence d’ensemble. Plongez en vous-même pour trouver les réponses, réconciliez-vous avec votre Ombre, consommer vos souffrances profondes et délivrez-vous d’elles par votre seul Courage. Si vous Lui faite confiance, le Divin vous soutiendra.
Vous avez un don, un talent, plusieurs peut-être, et une belle connexion à votre Cœur qui vous inspire la transcendance ? Alors soyez authentiques, humbles et honnêtes sur ce chemin, avant tout intérieur, et restez lucides sur ce qu’ils font tous dans la spiritualité de podium : prostituer leur Lumière.
En ce qui me concerne, rien n’égalera jamais la joie de créer pour nous et de l’offrir aux autres, sans attentes et en toute liberté.
Merci de m’avoir lu.