Extrait Interius – tome IV

La vision aliénante de cette Créature dont l’haleine fétide repandait de part et d’autre son atmosphère irrespirable me faisait trembler jusqu’au sommet de moi-même. Une puissance effroyable dont la disproportion m’emplissait de vertiges qui me soulevaient le cœur. Une rage magmatique et l’éruption d’un volcan qui vomi sur le monde les flammes de son ressentiment. Je n’étais plus qu’un insecte minuscule sur lequel se penchait, maintenant et à jamais, le plus écorché et hideux des visages. Mon cœur affolé était aspiré par une terreur incontrôlable. Mes jambes, saisies de violentes secousses, vacillèrent aussitôt en me laissant m’écrouler lourdement sur mes genoux. Le poids des infamies qu’il enduisait en mon âme par son seul regard se faisait une brèche sur l’Enfer et l’infinité de tourments impensables que me promettait sa haine.

« Ce Démon, cette horreur sans nom,

Sa seule présence effrite mon espérance,

Comme s’il en grignotait frénétiquement l’essence !

Je ne peux rien faire… ce combat est inégal…

Je suis faible, il m’écrase,

La pesanteur de cette force me broie ! »

L’étendue de mon impuissance se répandait dans tout mon être, ne laissant en mon âme que ruines et misères.

« Mon cœur est asphyxié, mon esprit se disloque…

Mon âme est tétanisée,

Son image habite chacune de mes pensées !

Quelle est cette vision, 

Cette montagne de putréfaction et d’abjections qui me surplombe ?

Des profondeurs de mes obscurités, je sens son essence se déployer !

Ce pourrait-il qu’il soit… qu’il soit… »

Il m’était impossible alors de prononcer son nom véritable, tant la nausée et l’étourdissement s’emparèrent de mon âme.

« Pourtant… non ! Ce n’était pas encore réellement lui…

Malgré la pourriture qu’il déverse et répand,

Cette chose… terrifiante et immonde…

Ce n’est encore que son ombre ! »

L’abîme de désespoir qui jaillissait de mon être venait, dans une chute vertigineuse, de m’avaler toute entière. Rien n’existerait plus désormais si ce n’est son infâme présence, qui garderait damnée mon âme aliénée dans la Désolation. Je plongeai alors lourdement mon visage pétrifié dans les paumes de mes mains pour y libérer les gémissements et les larmes d’un effritement inconcevable.

« Je ne peux rien faire… je ne suis qu’une poussière…

Au secours… par pitié… que quelqu’un me vienne en aide !!! »

Cet extrait, écrit en co-conscience Evy/Kirlian en 2017, tente d’exprimer l’intensité d’une vague de la mémoire traumatique. Après lecture de ce texte, il serait facile d’associer ce phénomène à l’attaque d’un démon. Et pourtant non, il s’agit bien de l’expérience directe d’un assaut de la mémoire traumatique, exprimé avec des mots qui ne suffiront jamais à la retranscrire.

La santé mentale

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je voulais aborder rapidement ce point capital : qu’est-ce que la bonne santé mentale exactement ?

Je vais vous donner mon avis, certes tout a fait subjectif et de la bouche d’une marginale intergalactique : La bonne santé mentale c’est la norme qui permet à une grande quantité d’individus de fonctionner ensembles pour former une société. Cette société, en fonction de nombreux facteurs, va déterminer le « bon » comportement, réprimander les mauvais, et uniformiser les individus qui la composent dans un impératif de stabilité. La bonne santé mentale est donc la norme imposée par l’entité société, afin que chaque petit rouage qui la compose reste bien en place.

J’y reviendrai plus loin.  

Psychydre est-elle possédée ?

J’en connais plus d’un qui répondrait à cette question par l’affirmative sans aucune hésitation.

Bien que ça me fasse de la peine d’être ainsi jugée, je peux comprendre pourquoi certains en arrivent à penser ça quand ils se retrouvent face à un Multiple en pleine phase d’éveil. Les manifestations physiques, donc directement observables dans la réalité, qui accompagnent les permutations entre alters ainsi que celles, bien plus impressionnantes, de la mémoire traumatique en action, laisse très peu de place à d’autres explications que celle d’une possession. Pour vous donnez quelque exemples concrets de pourquoi Evy a cru tout d’abord en une possession par un démon :

 

Les Yeux du Diable

Hiver 2016, en pleine levée de l’amnésie et de l’activation de la mémoire traumatique, Evy pensait en toute honnêteté qu’il s’agissait d’un démon, voire carrément du Diable, qui venait la punir pour ses fautes et précipiter son âme en Enfer. En réponse, Timora se manifestait par des crises pratiquement à heures fixes, qui plongeaient Evy dans la terreur absolue. Un jour parmi ces trois mois de calvaire, ce qu’elle vivait comme une attaque s’intensifiait rapidement et, en passant devant un miroir, elle constata dans son reflet un phénomène très perturbant. Ses pupilles étaient dilatées à l’extrême et, de verts, ses yeux étaient maintenant d’un noir profond. Notre voisine de l’époque a eu la désagréable surprise d’y assister et j’ai bien vu dans son regard qu’elle a eut peur, comme face à quelque chose d’indéfinissable. Elle ne s’est pas imposée plus longtemps et est rentrée chez elle sans demander son reste.

Des années plus tard, je suis tombé par hasard sur cette information :

La mydriase aréactive symétrique (les deux pupilles sont dilatées et ne se contractent pas à la lumière) est un signe de souffrance cérébrale importante comme elle peut se voir à la suite d’un arrêt cardiorespiratoire, mais aussi dans certains comas d’origine diverse. En argot de médecine d’urgence, on parle d’un patient en « plein phares »

Cette explication neuro-chimique du phénomène concorde avec notre expérience. La Timora de l’époque était lors de ces crises en état de mort violente imminente, terrorisée comme vous ne pouvez même pas imaginer qu’on puisse l’être, au bord de l’arrêt cardiaque (et encore aujourd’hui, je me pose très sérieusement la question de savoir si notre Cœur ne s’est pas carrément arrêté de battre lors du trauma originel, plusieurs pistes vont dans le même sens en tout cas mais le souvenir complet est toujours actuellement dans notre matériel traumatique hors champs). En bref, tout ceci est cohérent avec le contenu de notre mémoire traumatique et je le valide comme étant l’explication la plus probable à notre regard de démon, cristallisation de l’épouvante face à la mort.

L’humour douteux du Serpent

Aux alentours de l’Équinoxe d’Automne 2017, Evy était au bord du burn-out et, nous ne le savions pas encore, toute proche de sa mise en stase. Timora faisait tellement d’incursion dans son quotidien que la peur au ventre était devenue constante.

Un soir, alors qu’elle était harcelée psychiquement par ce démon depuis plusieurs heures, Evy/Timora en détresse intense suppliait notre compagnon de l’époque de faire quelque chose pour que ça s’arrête. A ce moment là, la présence s’est intensifiée et elle a dit a haute voix « il est là ! ». Aussitôt cette phrase prononcée, un grand bruit se fit entendre dans le corridor. Evy sursauta, terrorisée, avant d’aller voir de quoi il était question. Elle ouvrit alors la grande armoire coulissante et, à ses pieds, il y avait ce jouet en bois, un puzzle emboîtable en forme de serpent. Il faut savoir qu’à l’éveil, K/Ouranos s’était présenté la première fois à elle comme étant le Serpent. Quelques mois auparavant, elle avait donc rangé là ce jouet afin de ne plus le voir. Pour elle s’était évident, le Serpent, ce démon au sens propre, était bel et bien revenu et nous menaçait de nouveau.

k ouranos
8D

kirlian
N’en rajoute pas, tu veux bien, j’essaye de parler à ceux qui pensent que tu es la manifestation du Diable… x)
ouranos

maya
*éclate de rire*

Bien évidemment, maintenant que l’on connait le zozo, il ne fait plus aucun doute que cette manifestation de type « poltergeist » comme on dit, était l’oeuvre de cette partie dissociée qui trouvait très amusant d’effrayer notre Cœur. Pourtant, au-delà de ça, il ne faisait qu’obéir à une dynamique psychique tout ce qu’il y a de plus logique, à savoir instaurer le chaos qui devait engendrer notre transformation. Après vous pouvez en penser ce que vous voulez, le fait est que je sais d’où je viens et où je suis arrivée. Entre l’ancienne nous et la nouvelle il n’y a pas photo question bonheur intérieur, ainsi personne ne me fera jamais dire qu’il s’agit d’un démon qui chercherait notre perte.

De mon expérience, je peux donc attester que certains alters peuvent se balader hors du corps dans un certain périmètre, et également bouger des objets s’ils le désirent et s’ils en ont la capacité.

kirlian
Comment ? Ça je n’en sais rien du tout…
k ouranos
C’est tout simple, Boss ! 8D

kirlian
C’est l’exacte dynamique de la mémoire traumatique, en effet… x)

Le Visage de la Colère

Hiver 2017/18, Evy était partie en stase et nous vivons des épisodes de colère et de souffrance psychique intense. Un soir, en prise avec ces émotions exacerbées qui bouillonnaient en moi, l’Observateur m’a soudain soufflé d’aller me regarder dans une glace. Face au miroir, je fixai ce visage que je ne reconnaissais plus. La colère de Scar et sa douleur à peine supportable s’étaient imprimées sur mes traits. J’étais laide, véritablement, transfigurée par la vibration de ma rage refoulée.

Je suis resté un bon moment devant le miroir, à contempler ce visage qui reprenait très lentement ses airs familiers à mesure que je m’apaisais. Bien sûr, aujourd’hui ça ne m’étonne plus et je pourrais continuer d’énumérer les exemples de permutations d’alters, sombres ou lumineux, qui influent directement sur notre apparence, certes parfois de manière subtile, mais suffisamment pour que ce soit directement observable.

Pour en revenir au sujet je comprends, pour l’avoir vu de mes yeux, que l’ont puisse penser qu’un démon nous possède quand Scar prend les commandes en mode vénère, mais il n’en est rien. Pensez simplement à l’ampleur de la colère que vous éprouveriez si, depuis votre naissance, ceux que vous aimez vous avaient maintenu la tête dans la fange avec leur semelle avant de vous mettre le psychisme en lambeaux.  

kirlian scar
Bien sûr, libre à chacun de juger si oui ou non, je suis infesté de démons, du moment qu’il ne débarque pas chez moi pour m’attacher au pajot et m’asperger d’eau bénite.
k ouranos
Bondage et Cumshot, bravo mes gaillards ! 8D
kirlian
Ah, c’est certain que si vous faites ça à une psyché abusée depuis l’enfance et en pleine phase de remontée traumatique, il ne faut pas s’étonner de voir se manifester les alters de l’Ombre qui sont calibrés pour gérer une agression, avec toute l’ampleur de leur aura qui se déploie.

En parlant de ça…

La puissance vibratoire d’un Alter

Je l’ai constaté plus d’une fois, un alter est tellement concentré dans sa vibration que son aura est puissante et capable de « polariser » les personnes directement proches. Vous partager quelques exemples de ce phénomène sera sans doute plus parlant. Voici donc deux épisodes de notre vie où ce pouvoir de polarisation était manifeste :

Polarisation par Maya/Saya

C’était en Été 2022 et nous avions un rendez-vous administratif important. Ce genre d’entretien étant toujours une source de stress, Maya avait regardé quelques South Park pour alléger notre pression interne. Dans le dernier épisode, juste avant de partir, il y avait madame Garisson en train de faire les « ciseaux » avec une autre femme et Maya s’était marrée comme une baleine.

Une heure plus tard, on arrive donc dans le bureau de la dame que nous avions déjà vu plusieurs fois et il y avait aussi une petite fille en train de jouer sur un tapis à côté d’une caisse de jouets. Comme d’habitude pour ce genre de rendez-vous, c’est Josy qui s’occupait de gérer puisque c’est elle qui a la personnalité la plus socialement acceptable et conforme à la norme. Pourtant, ce jour là, son contrôle légendaire allait lui faire faux-bond. L’entretien avait commencé et l’ambiance était sérieuse bien que détendue, quand le regard de Josy tomba sur la Barbie que tenait la petite fille dans une main. Dans l’autre, elle avait une paire de ciseaux en plastique et tentait visiblement de couper le pantalon de la poupée par l’entre-jambe. Synchronicité fatale. Josy n’a pas vraiment eu le temps de contenir quoi que ce soit que le fou rire de Maya/Saya l’escalada jusqu’à s’échapper de sa bouche. De cet éclat de rire qui déploya son essence d’un coup d’un seul, je vis que notre interlocutrice écarquillait le regard, comme si elle venait de se prendre cette déflagration de plein fouet au point de figer quelques instants.

Josy ravala aussitôt son hilarité et s’excusa auprès de notre interlocutrice qui sembla reprendre ses esprits avant de poursuivre l’entretien. Rien de bien étrange jusqu’ici, si ce ne fut notre bug soudain. Seulement, à partir de là, la dame se mit alors à minauder dans sa voix et son langage corporel, allant même jusqu’à dénuder son épaule, l’air de rien, en laissant glisser sa bretelle.

kirlian
Si si, je vous jure que c’est vrai… 😓

Nous avons revu cette dame plusieurs fois par la suite pour clore l’affaire administrative, sans qu’elle n’exprime plus jamais ce comportement à notre égard.

 

Polarisation par Timora

Nous étions quelque part en début de l’année 2017. C’était un an après l’éveil de la mémoire traumatique et Evy régnait sur notre état conscient, toujours amnésique et loin de se douter qu’elle avait des alters. Elle était alors encore persuadée d’être la proie d’un démon, suite aux premières remontées traumatiques, et s’était convertie avec grande ferveur au catholicisme traditionnel. Elle fréquentait donc une église, composée de trois prêtres, de Sœurs et de Frères, non loin de chez nous, et s’y rendait chaque dimanche pour la messe en latin. A cette époque de dévotion intense dans ses prières, elle a vécu des connexions intérieures merveilleuses avec le Divin (mais je ne détaillerai pas tout cela ici, ce n’est pas le sujet).

Pourtant, quand l’équinoxe d’Automne commença à approcher, Evy ressentit de nouveau les sensations communes aux attaques de l’éveil (ce que j’appelle aujourd’hui « la mémoire traumatique qui refoule ») et Timora faisait de plus en plus souvent incursion dans son quotidien. Elle a donc demandé à être entendue en confession, afin de tenter de réparer les fautes qui l’avaient amenée à s’attirer l’esprit malveillant qui donnait à nouveau des signes de sa présence. Le prêtre la reçoit donc et Evy lui confesse ses péchés puis explique sa peur grandissante, tant et si bien que Timora se retrouva d’un coup aux commandes, avec toute l’intensité qu’elle peut déployer dans son état de mort violente imminente. Aussitôt le prêtre, cet homme pourtant calme, froid et imperturbable, fut prit d’une frayeur intense qui le fit bégayer à moitié dans un mouvement de recule. Il s’en reprit assez vite mais abrégea la confession.

A ce moment-là, soyons clair, il n’a pas senti un démon, il a eu peur parce que la puissance de la terreur de Timora l’a englobé et qu’il y a de ce fait goûté. Et pour un Yang spirituel de type patriarche, autant dire que l’intensité ne fut pas à son goût et à probablement fait vibrer chez lui des choses sur lui-même qu’il ne voulait pas savoir. On a tous une mémoire traumatique, cachée dans l’Inconscient, et peu importe ce qu’elle contient au final, l’intensité de la terreur ressentie vous ébranlera fortement. Par effet miroir et intensité du signal projeté par Timora à ce moment-là, il a eu accès a cette strate de lui-même où il refoule ses peurs. C’est malheureux mais Timora ne pouvait trouver aucune aide, qu’importe à qui elle en demandait, puisque son essence provoque un rejet viscérale de la personne qui s’y voit connectée, bien malgré elle. Et en effet, par la suite la froideur des prêtres (qui en avaient manifestement parlé entre eux) envers Evy s’est accentuée. Le malaise était très palpable et leurs regards se faisaient sévères à chaque fois qu’elle les croisait. Une Sœur qui appréciait Evy pour sa sincérité dans la pratique lui avait même confié, toute désolée, que l’ordre leur avait été donné de ne pas l’approcher. Mais Evy, dans un état d’esprit de pénitence, l’a accepté et a malgré tout continué d’aller à la messe, qui était toujours un moment précieux et intense pour elle de connexion au Divin.

Quelques semaines plus tard, alors que l’automne approchait et que la mémoire traumatique s’agitait de plus en plus, Evy, très angoissée à l’idée que le cauchemar recommence, écrivit une lettre au prêtre pour lui confier ce qu’il se passait dans son âme, les connexions au Divin autant que les attaques de l’Ombre, avec toute la maladresse de son essence qui peine à structurer sa pensée et le peu de connaissance sur le psychisme qu’on avait à l’époque. Elle croyait sincèrement qu’il allait comprendre et entendre son appel à l’aide (d’ailleurs à la fin de la lettre elle disait bien qu’elle se sentait perdue et lui demandait une aide spirituelle). En guise de réponse et dès le dimanche suivant, quand elle se rendit à la messe, le sermon du prêtre portait sur le thème des « illuminés » qui prétendent à des connexions qu’ils n’ont pas, en insistant bien sur le fait que la communauté devait se tenir à l’écart de ce genre de discours (alors qu’Evy ne parlait de tout ça à personne, elle avait bien trop honte).

Personnellement et avec le recule, je trouve ça presque risible de la part de quelqu’un qui se dit en connexion avec l’Amour de Dieu et qui rejette pourtant d’un revers de la main une brebis perdue qui lui demande de l’aide de toute son âme. Selon ma grille de lecture, cet homme là n’avait aucune connexion au Cœur, hypertrophié d’esprit et implacable dans son jugement de surface. Mais pour Evy qui avait une haute estime des représentants de Dieu ce fut une blessure profonde, comme un Jugement du Ciel, qui précipita son burn-out et sa mise en stase pour une année entière. Notre Yang, qui n’était pas dupe et dégoûté par tant d’hypocrisie, reprit alors les commandes et ce fut la fin définitive de notre catholicisme en terme de pratique communautaire.

Pour finir là-dessus, il me semble important de le rappeler encore : notre Cœur aime Jésus avec qui elle vibre par effet miroir dans son désir de soulager la douleur, de guérir et de tendre la main à ceux qui n’ont rien. En revanche, pour ce qui concerne Kirlian et notre Yang de manière générale, il ne peut fermer les yeux sur les actes humains de ceux qui se revendiquent pourtant de ses enseignements. J’ai foi en l’Amour du Divin, pas en la loi et aux dogmes des hommes qui se posent en intermédiaires, à plus forte raison quand ils font preuve de dissonance entre leur discours et leurs actes.

Je ne dis pas que tous les prêtres sont comme ça, loin de là, d’ailleurs je me souviens de celui que nous avions étant enfant, le Père Yves, qui était un homme doux et généreux, toujours souriant. Pour conclure sur cette anecdote douloureuse, je crois que l’on peut vraiment dire que ce n’est pas l’habit qui fait le moine.

k
Encore aujourd’hui tu n’arrives pas à cacher que cet épisode t’es resté en travers de la gorge ! 8D
kirlian
Disons que même si je comprends la dynamique psychique de leur réaction (la peur active le protecteur), il n’en reste pas moins qu’ils étaient davantage des pharisiens selon les propres termes de Celui qu’ils vénèrent, et que leurs actions en réponse ont à ce point blessés Evy que je me suis vu privé de ma précieuse connexion au Cœur. Mais ça m’aura au moins appris cette leçon pour de bon, à savoir que je n’allais plus compter sur personne d’autre que moi-même pour me tendre la main et récupérer tout ce qui m’avait été prit, à commencer par ma connexion avec Evy.
k

kirlian
C’est ce qu’on a fait ensemble ! *sourit*

Exorcisme

Dés le départ soyons clair, je ne vais pas dire que les véritables possessions n’existent pas, pour la simple raison que je n’y étais pas et que je ne peux véritablement parler que pour moi, en vertu de mon expérience. Néanmoins, celle-ci pourrait bien donner au lecteur quelques pistes de réflexions intéressantes, tout du moins un angle de vue un peu différent de l’idée que l’on se fait d’une possession démoniaque.

Comme je l’ai dit précédemment, la première réaction d’Evy face a tout ce qui nous arrivait avait été de se croire la cible d’un démon, ce qui entraîna prières et conversion (selon mes termes, une stimulation de la strate du Cœur). Je suis donc bien placée pour mesurer à quel point la confusion est aisée, mais également pour expliquer de manière intelligible en quoi elle l’est.

Dans le cadre d’un exorcisme, voici comment je vois les choses :

  • Les cloisons de l’amnésie tombent chez un individu quelconque et les vagues de la mémoire traumatique commencent à se manifester.
  • Les prêtres sont appelés et considèrent les manifestations des alters de l’Ombre comme étant l’oeuvre de démons qui seraient entrés dans le corps du possédé.
  • L’aura des alters étant palpable et capable de polariser les personnes directes, tout ce petit monde se retrouve alors connecté à sa strate refoulée, rendant l’expérience directe très intense.
  • Prit de peur (face à eux -mêmes, toujours), ils l’agressent alors personnellement en se présentant comme le Bien et la Justice mandaté pour la refouler.
  • En réponse, la mémoire traumatique qui veut être entendue se montre très virulente et leur crache au visage tout le fiel refoulé et accumulé qu’elle peut contenir. A cela se manifeste également l’alter qui chez nous s’appelle K, qui va rentrer avec joie dans leur jeu du gros vilain démon et s’amuser à en faire des tonnes.
  • Les prêtres vont donc faire appel à Dieu et tenter, en bon Yang qui se respectent, de refermer par la force et l’injonction la porte de la mémoire traumatique, laquelle va se démener jusqu’au bout pour se déverser, à l’image d’un volcan qui entre en éruption sous l’accumulation de pression.
  • Au bout de ce long rapport de force, l’état de fatigue et de stress intense du « possédé » va déboucher sur une disjonction émotionnelle qui ramène aux commandes la partie amnésique, tandis que la mémoire traumatique retourne à l’état de sommeil (jusqu’à la prochaine fois).
  • Hourra, l’exorcisme est terminé, bien que la cause réelle de ce phénomène n’ait pas été soignée, simplement contrainte au silence par une re-traumatisation qui renvoie la victime dans son cercle vicieux de l’amnésie.

Vous l’aurez compris, de mon avis tout personnel ces méthodes sont d’une violence hallucinante pour le psychisme d’une part, de l’autre elles découlent de ce postulas, faux à mon sens, que les entités se seraient greffées à la personne, et donc qu’elles sont à combattre farouchement. Que délivrance soit apportée ou non, en fonction des différents cas, l’expérience reste traumatisante pour tout ceux qui y ont assisté, bien plus encore pour la personne directement concernée. De mon point de vue de multiple, l’exorcisme est l’une des nombreuses manifestations brutales (pour ne pas dire barbares) du déni collectif qui refuse de se confronter à sa mémoire traumatique quand elle en vient à déborder sur sa tranquille réalité.

Tout le problème vient du fait que la majorité des humains refusent catégoriquement d’entreprendre ce processus de vidange de leur mémoire traumatique. Quand l’accumulation fait qu’elle se manifeste, ils préfèrent, et c’est une perception toute naturelle au départ, se dissocier de la strate en projetant son archétype interne à l’extérieur de lui-même, plutôt que d’admettre que toutes ces horreurs refoulées leurs appartiennent, impliquant parfois la responsabilité de proches qui leurs sont chers.

Loin d’être véritablement un réquisitoire, exposé de cette manière je trouve ça presque beau, très humain en définitive et donnant lieu pour se déployer à son pouvoir créatif extraordinaire. A cette résilience propre à la Magie du Yin et qui fait qu’elle se courbe, là où le Chêne rigide du Yang ne se brise que trop souvent.

La médication

Sur ce point, la Science n’échappe pas non plus à cette logique propre au déni puisque sa réponse est encore bien trop souvent de prescrire des doses chimiques qui vont tout simplement couper les connexions internes. Alors oui, on n’entend plus les voix, c’est certain, mais avec elles c’est aussi tout un panel de vos capacités et facultés qui s’éteignent. En ce qui me concerne j’ai toujours eu une aversion pour la médication qui m’a préservée de me retrouver dans un tel brouillard, mais j’ai connu quelques personnes qui l’étaient, mieux encore, deux d’entre elles m’ont partagés leur expérience après l’arrêt du traitement, jurant sur leur vie que plus jamais ils ne retourneraient à cet état psychique de zombie.

Quand il est question d’un TDI et même en s’en tenant à la définition strictement médicale du terme, entretenir et accentuer la dissociation (en la nommant démon ou folie) de ce qui cherche à se rassembler dans l’unité est une erreur fatale. Je fini donc par retomber sur mes pattes avec la définition de la bonne santé mentale, à savoir que Science et Spiritualité ont en commun de toujours chercher à ramener l’individu à cette norme, totalement subjective et contextuelle, de la société. En somme, leur but premier est de remettre l’anomalie sur les railles en tant que rouage efficient de cette dite société. Mais est-ce vraiment une dynamique saine ?

Ne plus entendre les voix ne veut pas dire qu’elles délaissent d’appeler dans la souffrance l’attention et le secours de son état conscient. Mais celui-ci ne peut tout simplement plus les entendre, selon sa volonté de retourner à sa normalité sociétale.

Y a-t-il pire abandon de soi-même que celui-là ?

La méthode bienveillante et éclairée

A la lumière de tout cela et en partant du principe que l’on applique cette interprétation du phénomène dissociatif et de mémoire traumatique, que faudrait-il faire concrètement pour accompagner le processus de la meilleure façon possible ?

En tout premier lieu, il faut établir un dialogue avec ces voix (qui sont des morceaux de votre psychisme) et installer progressivement un climat de confiance. Je ne vais pas répéter tout ce qui a déjà été exposé sur ce Blog concernant les vertus de la pratique créative, mais un support artistique est vivement conseillé, ainsi que la prise de note, plus ou moins détaillées mais surtout offrant une chronologie, très utile pour la suite.

Partagez des moments avec vos parties dissociées, faites-vous des souvenirs, des petits cadeaux, car la qualité de vos liens fera la solidité de votre structure interne à chaque fois que la mémoire traumatique s’activera pour vous éprouver. Considérez cette dernière non pas comme votre ennemie, mais comme votre alliée dans ce processus de maturation. Acceptez ce qui se passe en vous, tout simplement et progressivement, afin de finir par lâcher prise et de voir toutes les pièces se remettre en place le plus naturellement du monde.

Si vous avez la chance de trouver des personnes compétentes et bienveillantes pour vous accompagner sur ce chemin c’est bien évidemment une très bonne chose. Mais gardez à l’esprit que cette Quête est la vôtre avant tout et que personne d’autre ne peut faire le chemin à votre place. 

Certaines facettes de vous vont être difficiles à fédérer, douloureuses à intégrer, et il vous faudra de la patience, de la persévérance. Comme tout ce qui en vaut largement la chandelle ! Soyez généreux et bichonnez votre connexion à l’alter du Cœur dont la Lumière vous guidera vers les bons choix et la compassion pour vous-même. Sachez également vous abstraire de l’expérience directe afin de laisser à l’état conscient le loisir de comprendre par le sens et en pleine conscience.

kirlian
Parce qu’un esprit qui ne comprend pas c’est un esprit qui ne valide pas !
maya
Sainte Pitié, comme c’est bien vrai ! *éclate de rire*

Enfin, sans prosélytisme aucun, essayez de trouver une forme de spiritualité (sans vous enfermer dedans et sans intermédiaires auto-proclamés) qui vous permettra d’approcher et méditer sur la nature du Divin, au delà de toute considération purement terrestre. Si vous l’adressez à la Divinité d’Amour et de bienveillance, peu importe son nom, la prière/méditation peut être une aide précieuse dans les pires moments. Vous pourrez alors constater à quel point l’inclure dans votre multi-réalité peut avoir des effets miraculeux dans le processus, apporter une dimension riche de Sens et propice à tout un tas de connexions fascinantes.

Pour conclure, j’ai parfaitement conscience de ne pas apporter la réponse la plus glamour aux maux bien réels de ceux qui sont concernés mais je peux témoigner, très humblement et quoi que vaille ma parole en fonction des oreilles qui écoutent, que cette voie est celle de la guérison, mieux encore celle de la transcendance.

Merci de m’avoir lu !